Mayotte: De l'illettrisme

Publié le , mis à jour le
Lecture ~2 minutes

Les Ceméa Mayotte ont pris part pour la première fois à une mobilisation nationale contre l'illettrisme en organisant un temps de débat autour du film L’Illettré de Sabrina Ouazani, co-réalisé par France Télévision.

Un angle d'intervention différent

La dernière campagne de l’Agence Nationale de Lutte contre l’illettrisme « Illettrisme en entreprise, on est tous concernés » met en avant la question de l’illettrisme dans un contexte collectif de travail. Les Ceméa y participent activement. L’angle d’intervention des Ceméa diffère sensiblement de celui des autres intervenants. La mission revendiquée n’est pas d’apprendre à écrire, à lire, à calculer. C’est l’apanage des équipes enseignantes. 

Un manque criant

Tout au long des formations, les équipes encadrant nos stages constatent que de nombreux jeunes participants.es ont des difficultés avec la langue française ; Il y a un fossé, un gouffre entre déchiffrer et comprendre. Il est ici question de l’illettrisme par rapport à cette langue. Lorsqu’il s’agit de prendre possession d’une fiche d’activité (et c’est un passage important pour quelqu’un.e qui veut faire de l’animation) parce qu’ils·elles ne comprennent pas ce qui y est stipulé.

Illettrisme: maîtrise non suffisante des compétences de base, pour être autonome dans les situations simples de la vie courante

et Analphabétisme: état de quelqu'un qui n’a jamais appris à lire ni à écrire

recouvrent deux réalités distinctes.

Lire est un verbe d'action

L’illettrisme ne recule pas à Mayotte et ce malgré les campagnes annuelles. Il est à noter que :

  • 58% de la population en 2012 sur Mayotte était soit en situation d’illettrisme soit en situation d’analphabétisme selon l’enquête Information Vie Quotidienne de l’INSEE.
  • Plus récemment, en 2020, lors des JDC, c’était 71% des jeunes qui étaient en grosse difficulté de lecture. Donc potentiellement 71% d’adultes en situation d’illettrisme.

Dans les formations la langue est omniprésente

Dans les formations, le fait de réfléchir, discuter, aborder diverses notions permet de fréquenter les mots, de pénétrer la langue. Les outils informatiques accompagnent un ré-apprivoisement de quelque chose qui a été vu à l’école mais faute d’avoir été usité ensuite est retombé dans le domaine de l’oubli.

Ce qui se vit en stage, où l’activité prend une part prépondérante, est foncièrement différent de ce qui se passe à l’école. Lors des multiples situations vécues, la langue est omniprésente et même si l’objectif n’est pas un travail sur la langue, ce qui se vit apporte aux stagiaires des occasions de mieux maîtriser une langue qu’ils·elles ont apprise à l’école mais n’utilisent pas au quotidien dans leur famille ou avec leurs ami·es.

Enfin, à travers les différents temps d’échanges formels ou informels, les formateur·trices travaillent aussi à convaincre les parents d’encourager les compétences de leurs enfants mais surtout à s’intéresser à leur vie.