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Parce que les réseaux sociaux constituent aujourd’hui le principal outil
d’information et de consultation des jeunes, bien avant la télé et la presse
papiers, les attentats meurtriers du 13 novembre placent à nouveau
l’éducation aux médias et à l’information (EMI), ses compétences et
ses valeurs, au coeur des enjeux de démocratie, comme l’écrit Divina Frau-
Meigs dont nous reprenons ici à notre compte des extraits de ses récentes
analyses parues sur le site national des Ceméa dans la rubrique Enfants,
écrans, jeunes et médias.
« Les attentats nous incitent à considérer Internet comme un média à part
entière et nous exhortent à mettre la gouvernance de l’Internet dans
l’agenda de l’EMI, pour donner des moyens d’action à des citoyens en
devenir qu’on ne saurait réduire à des usagers […]
La question de la liberté d’expression et de publication tout comme celle de
la vie privée et de la propriété des données – des composantes majeures
de l’EMI notamment dans le cadre de l’expression des élèves – se posent
désormais de façon cruciale, en relation à l’importance prise par les réseaux
sociaux et les plateformes numériques lors de tels événements majeurs.
Les jeunes ont besoin d’un ensemble de compétences remises à jour et
étendues pour maîtriser les cultures de l’information. Ces compétences
relèvent d’apprentissages permettant de comprendre les dispositifs d’actualité,
de vérifier et authentifier les sources des documents en ligne, de s’interroger
sur l’agenda des opérateurs et les contraintes des plates-formes, de décrypter
l’intention des messages pour en distinguer les fonctions et de surveiller
le destin de leurs données. Dans ce contexte, l’EMI qui promeut l’esprit
critique, la créativité, la citoyenneté, la communication interculturelle et
la résolution de conflits par la prise en main des médias – est au coeur
des compétences attendues des élèves du XXIesiècle afin de s’assurer que
les acquis démocratiques du XXe siècle opèrent leur transition à l’ère numérique.
Afin d’être efficace, il est aussi nécessaire d’établir une continuité éducative
dans et hors l’école car l’EMI présente le potentiel d’engager tous les acteurs
autour de l’enfant (parents, associations, médias, municipalités) et de réconcilier
l’école avec son environnement de proximité […]
La question du sens dans l’éducation aux médias et à l’information en France
ne peut se dissocier du sens des médias dans la société et de leur nécessaire
mutation vers des pratiques plus transparentes, plus critiques, plus pluralistes,
ce que le numérique peut faciliter.
Bertrand Chavaroche
rédacteur en chef
Christian Gautellier
directeur de la publication
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