Les jeunes, la/les jeunesse/s
Dans l'inconscient collectif il se dit beaucoup de choses sur les questions de jeunesse et pas les mêmes suivant le courant de pensée auquel on appartient et la position occupée dans la société.
Des intentions mais aucune certitude
Les Ceméa, à la suite d'une semaine d'études qu'ils ont consacrée à cet âge de la vie, livrent ici leur réflexion. Des propos sans certitude, d'une grande humilité, nés au coeur d'une pensée en mouvement.
Jeunes et jeunesse.s
Ce sont deux réalités singulières. Deux identités contenues chacune dans l’autre. Et qui méritent le pluriel, tellement elles abritent de réalités diverses dans leur giron. L’adolescence, elle, n’est qu’une partie de l’âge des jeunesses, une étape obligée, une période que tout le monde reçoit comme un cadeau empoisonné.
Les Ceméa tiennent à affirmer que, contrairement à ce que pense l’inconscient collectif, ce qui a changé ce ne sont pas les jeunes, c’est l’environnement de la jeunesse, c’est le monde dont il·elles sont partie prenante, la société qui les tient.
Parce que les jeunesses, elles, ont les mêmes caractéristiques qu'hier, avant-hier ou il y a longtemps.
Plutôt que de protester du sort réservé à chaque jeune, de le·la maudire parce qu’il·elle n’est pas comme on voudrait qu’il·elle soit, les Ceméa préfèrent agir leurs intentions, les mettre en œuvre aujourd’hui au quotidien dans une dynamique d’actions en sa direction afin que son futur ait la forme d’un avenir. Cette présence sur le terrain est une nécessité qui ne supporte pas d’alternatives.
Ils peuvent pour cela s’appuyer sur de nombreux et nombreuses militant·e·s qui travaillent avec des jeunes au quotidien, qui vivent à leur côté, qui participent de leurs perspectives. Ils travaillent au pragmatisme de ces projets pour accompagner cette période du grandir qui comporte de nombreuses transformations.
Tout ceci passe par une écoute active, qui demande une veille constante et sans intrusion.
Ils estiment essentiel de s’interroger sur leur capacité à recevoir leur parole d’où qu’elle vienne, et de faire quelque chose de cette parole, pour éviter d’être dans une pure démagogie de vitrine ou de circonstance. Et c’est en vivant des activités avec eux·elles que le recueil de leurs desiderata sera le plus authentique.
Débloquer l’immobilité en se gardant des jugements
Chez les jeunes le désir de partir semble être un vecteur important de la découverte d’une altérité à proximité mais si lointaine, même si les possibilités du numérique rapprochent. Débloquer l’immobilité qu’impose l’immersion permanente dans l’univers numérique implique le fait de mobiliser des compétences interculturelles et de les développer. Les Ceméa œuvrent à accompagner les jeunes dans cet apprivoisement de la mobilité.
Enfin, ils ne peuvent passer sous silence les cultures des jeunesses, ils ne se sentent autorisés à en parler et à les prendre en compte que s'ils se donnent les moyens de les connaître. Mais gare à l’artificiel et à toute démagogie. Il y a là des habitudes à chambouler. Plutôt que de rejeter d’emblée leur choix de musique, leur passion, leurs déviances, les Ceméa choisissent le chemin de l’éducation populaire et partent de ce qui les fait vibrer pour ouvrir des brèches dans ce qui leur est inconnu en acceptant que ces brèches s’ouvrent également dans ce qui est inconnu au sein du mouvement et de ses militant·es. Il faut se garder des jugements et éviter de faire le tri. Toutes les approches sont respectables. Les représentations d’adultes engagé·e·s dans l’éducation peuvent jouer des tours
Les Ceméa prennent les jeunes pour ce qu’ils et elles sont, sans angélisme, mais sans mauvaise foi (tout n’est pas rose mais tout n’est pas noir non plus). Ils revendiquent une véritable politique publique pour eux·elles.
La jeunesse est un atout pour la société qui ne mérite ni stigmatisation ni morcellement qui tendraient à opposer les jeunes entre eux·elles et les jeunes aux autres âges de la société.