Dossier VST 161 Métiers de l'humain, la résistance s'organise

Publié le , mis à jour le
Lecture ~3 minutes

La revue du champ social et de la santé mentale consacre le dossier de ses numéros 160 et 161 à la généralisation de la désaffection des métiers de l'humain. Que se passe- t-il dans ces métiers où longtemps le sens de l’engagement et de la solidarité a pu compenser la faible reconnaissance salariale ? Dans le VST 161, "Métiers de l’humain : la résistance s'organise", l'accent est mis vers  des pistes de solutions...

A propos de la désaffection des métiers de l'humain

De moins en moins d’inscrits à Parcoursup dans les professions sociales, éducatives, de soin... ; des effectifs en formation en nette diminution : certaines promos sont à moitié pleines ; des établissements qui peinent à trouver des professionnels qualifiés… Une avalanche de témoignages sur les réseaux sociaux de professionnel⋅les qui démissionnent, qui n’en peuvent plus des méthodes managériales féroces, qui disent ne plus (re)trouver les sens de leur engagement premier, noyés sous les procédures, évaluations et autres tracasseries incessantes.

A noter que ce ne sont pas seulement les travailleurs du social qui sont gagnés par la morosité ambiante. Il y a peut-être une crise générale du rapport au travail. Un peu partout des résistances s’organisent à bas bruit, des inventions naissent, des espoirs demeurent vivants.

Face à l'abondance de propositions d'articles, le comité de rédaction a décidé de les répartir sur deux numéros. Ainsi, dans le premier dossier (VST 160), sont proposés les récits, constats et analyses de professionnel⋅les issu⋅es de champs disciplinaires différents, de terrains différents, chacun livrant son regard sur la crise que traversent actuellement les métiers du social et du soin. 

VST 161 deuxième volet sur les métiers de l'humain

Dans ce numéro161, dont le titre du dossier "Métiers de l’humain : la résistance s'organise", il s'agit d' entrevoir si ce n’est des solutions ça serait bien prétentieux –, en tout cas des réseaux de résistance, des espoirs, des inventions, des projets, de l’à-venir. Des pistes s’ouvrent, la créativité et l’invention qui caractérisent ces métiers de « première ligne" sont bien là : un appel à la reconnaissance des pouvoirs publics et plus largement de la société dans les donner à voir et à lire de l’action, notamment dans le réinvestissement des diverses modalités d’écriture ; la réaffirmation de métiers avant tout construits sur la relation à autrui et sur un socle de valeurs faisant échec à la valeur marchande, qui gangrène tous les rouages de notre modernité ; un repérage très fin de la nécessité d’appui dans les sciences humaines ; un retour à la clinique de la rencontre humaine...

Introduction du dossier

Depuis la crise du COVID, s’il est bien un mot qui est repris et répété comme un mantra, c’est celui de « résilience ». Il est remis à toute les sauces pour célébrer les aptitudes de chacun à surmonter les situations difficiles. En réalité, ce mot, comme bien d’autres, est confisqué par le discours politique qui tente de flatter la solidité supposée des citoyens face aux crises à répétitions. Flatter le citoyen en louant ses capacités d’adaptations ne serait-il pas le pire moyen, le plus pervers en tout cas, de le rendre encore plus docile face aux politiques insensées qui contribuent In fine aux crises multiples.

Mais résilience n’est pas résistance.

Mais résilience n’est pas résistance. Résister peut passer par le rejet, ou à tout le moins, l’évitement de l’adaptation.

Ce numéro aborde les  différentes manières de ne pas se laisser submerger ni endormir par la douce mélopé qui nous fait savoir que la survie passe par le fait de s’accommoder… du pire. Faire le pas de côté pour voir les situations sous un jour nouveau, être encore et toujours créatif⋅ves pour rester force de proposition. Nous connaissons tous ce « vieux truc » utilisé avec les enfants. S’ils refusent de se chausser, ne leur demandez pas de le faire, contentez-vous de leur demander s’ils veulent mettre les chaussures bleues ou les rouges, l’illusion du choix fera le reste ! Il en va de même pour les méthodes managériales qui, sous couvert de laisser les professionnel⋅les « s’adapter », leur proposent des choix restreints. Refuser l’adaptation, cette injonction à la fatalité, c’est résister par l’ouverture à une troisième possibilité, celle qui n’avait même pas été pensée.

Pour ne pas succomber aux messieux « faut-pas-rêver » ni aux mesdames « on-n’est-pas-dans-le-monde-des-bisounours » qui pullulent dans nos institutions, il nous faudra réapprendre à être sagement désobéissant⋅es. Ne soyons pas résilient⋅es. Ne surmontons pas, mais démontons ! Démonter sans casser, démonter les mécanismes décisionnels comme on démonte de vieilles horloges, comme ça, pour en comprendre les rouages et…résister. Encore et toujours.

Sommaire du dossier

  • Introduction Gilles Marcellot, Joseph Rouzel
  • L'éducation spécialisée est-elle un métier impossible en voie d'évolution ou un "art de faire" en voie de disparition ? Jean Christophe Contini
  • La psychiatrie publique : tu l'aimes donc tu la quittes ? Hélène d'Alessandro
  • Le sens du travail en mouvement : apports des démarches narratives en temps de crise Adrien Monnier
  • Sens unique ou sens interdit ! Les chemins du soin en psychiatrie Marc Maximin
  • La crise de sens dans les métiers du l'humain Corinne Buret
  • Crise du recrutement, ou crise du sex-appeal professionnel ? François Chobeaux
  • Qu'est-ce que je fous là ? Carine Maraquin
  • Faire collectif en formation, réaffectons l'engagement professionnel Gabrielle Garrigue, Bruno Kayser
  • La "crise" du travail social comme ferment d'émancipation... Emilie Gougeon
  • Qu'est-ce que je fous -encore-là ? Muriel Sacchelli