Dossier VST n° 146 (Se) former au travail social

Publié le , mis à jour le
Lecture ~2 minutes

Qu’en est-il des formations des travailleur·euses sociaux·ales en ce début du 20e siècle ? De quel·le travailleur·euse social·e avons-nous besoin et à quoi forme-t-on les personnes ?
Un numéro pour une formation humaine aux métiers de l'humain.


Face à l’offensive tous azimuts de la numérisation, de la dématérialisation dans la formation et à l’envahissement par les méthodes technicistes, comment mettre en avant la prééminence de la relation pédagogique ? Pouvons-nous parler de « sciences » de l’éducateur – d’autant plus après l’universitarisation des niveaux 3 ? Faut-il être ou avoir été travailleur social pour former d’autres personnes à ces métiers ? Qu’en est-il de la dimension clinique ? Et surtout, comment préserver ce qui fait l’essence de la formation, de la construction commune des savoirs, de la transmission ?… À savoir la prise en compte du temps long dans le travail d’élaboration psychique, l’importance des espaces potentiels qui amènent à la création et à la culture, l’éminence de l’oralité et du récit, la réhabilitation du rêve et le travail du commun… Et donc l’incontournable dimension politique du métier ainsi que l’engagement qui s’y réfère… Un numéro pour une formation humaine aux métiers de l’humain.

Conjuguer l'utopie au futur : de la résistance à la marchandisation

Faut-il avoir été travailleur·euse social·e pour former à ces métiers ? Comment préserver ce qui fait l’essence de la formation, la construction commune des savoirs, la transmission et l’incontournable dimension politique du métier et l’engagement qui s’y réfère, dispenser une formation humaine aux métiers de l’humain ? La contrainte des injonctions marchandes oblige à composer avec les points d’utopie, les valeurs essentielles, la tendance technicienne à outrance de la professionnalisation, la commande sociale et la prégnance de l’économie actuelle. Le versant « formation de la personne », indissociable de la formation au métier, est soluble: il se trouve dissous et réduit au minimum parce que moqué, traité de fantaisiste voir même subversif.

 

 

La résistance est là : ce dossier y participe

Ce dossier est constuit autour de deux axes principaux : un axe relationnel et pédagogique et un axe plus social et politique. Ce dossier semble essentiel pour les personnes qui se destinent aux métiers du social, qui y travaillent ou s’y intéressent, pour aiguiser leur réflexion et les aider à appréhender la question de la formation. Un dossier engagé qui réaffirme l’urgence pour le moins d’une vigilance face à une vague néolibérale apte à modifier le sens même de la formation au travail social.

«  L’utopie autogestionnaire, c’est la capacité de retrouver à tout moment une liberté d’action qui soit dictée par l’éthique et la politique de son métier et non pas des règles de conduite prescrites par les normes de l’emploi. Voilà quelque chose de révolutionnaire » Roland Gori.

Le travail social est un enjeu politique

Ce dossier met en avant la primauté des compétences sur la qualification. Il débute par « Former au travail social, plaidoyer pour une formation qui ne soit pas formatage ». Dans les autres articles, depuis "à quoi t’as rêvé" jusqu’au rapt de la formation continue, le dossier aborde la question des filiations à venir, du formatage de la formation, engage à apprendre à agir, même sous la pluie, à devenir éduc, à user du récit et du rêve, à inviter les personnes à être actrices, voire autrices, de leur formation. Ce dossier engagé, affirme avec force que le travail social est un enjeu politique et que la formation ne peut être bradée. Il démontre qu’il reste des possibles de subversion, en gardant un cap tourné vers l’émancipation, au sein d’un rapport de forces à alimenter inévitablement.