Dossier VST n° 149 Crise et confinement
Le trauma est là. La crise du coronavirus a durement impacté une société en état de sidération et a éprouvé la vie sociale. Si les pratiques du travail social ont surmonté la crise, les modalités habituelles de relation aux patients ont du être adaptées.
Comment les institutions se sont-elles organisées pendant le confinement ?
Mars 2020, la France entière s’est vue confinée pour se protéger du coronavirus. Promiscuité dans des « habitats » étroits, insalubrité, difficulté à se nourrir, augmentation des appels pour violences conjugales et maltraitance des enfants. De quoi le coronavirus a-t-il été le révélateur ? Les établissements et services sociaux, médico-sociaux et la psychiatrie ont dû modifier leur fonctionnement, assurer la continuité des soins, de l’accompagnement, ou, au contraire, renvoyer les personnes en famille ou à domicile.
Comment les institutions se sont-elles organisées pendant le confinement, avec quelles difficultés, mais aussi quelles inventions de la part des professionnels et des usagers pour maintenir une vie sociale tout en étant confinés ? Et après ? Quelles ont été les organisations et les contraintes ? les conséquences de cette période de crise engendrée par la présence du coronavirus ? Quelles leçons ont été apportées par cette situation de catastrophe ?
L’impératif de la distance est en contradiction avec le travail social où la notion de proximité est la règle. Le confinement est vite devenu un surconfinement.
Pas le temps de palabrer !
La situation a été révélatrice de réalités sociales jusque-là contournées ou minorées. Que faire pour que cet après ne soit plus comme avant ? La logique de la globalisation de notre civilisation a transformé l’humain en objet marchand strictement évaluable, ce qui confère une dimension politique aux dispositifs. Force est de constater que l’éthique dans le soin pour les malades de la covid, mais aussi pour des sans-abri, s’est détériorée. Le confinement a été le théâtre d’un renforcement de leur exclusion, révélant une déconsidération des autorités. Comment les structures ont-elle traversé cette période ? Ceux et celles qui ont dû continuer à travailler n’ont pas eu le temps de discourir, de se confronter aux angoisses (les leurs et celles des patient·es), les éducateur·trices aussi ont été concerné·es.
« La pandémie a occasionné des effets paradoxaux. »
Des dispositifs à dimension politique
Dans une communauté thérapeutique comme partout, le confinement a modifié les relations. Ce dernier a été une source d’initiatives différentes et l’objet d’un processus commun : cela a occasionné des changements dans les dynamiques sociales et les pratiques des professionnel·les. Il est édifiant de voir comment les institutions se sont organisées, avec quelles difficultés, mais aussi quelles inventions. Ce dossier propose un retour sur les temps de pandémie et tente de tirer les leçons apportées par cette situation de crise.
Une mise en avant de nouveaux modes de travail
De nombreux textes de ce dossier témoignent des pratiques mises en œuvre par les professionnel·les dans différents lieux: le travail des psychologues, des éducateurs, des psychiatres et de tous ceux et celles qui contribuent au fonctionnement des institutions (en Ehpad, en Mecs, dans les foyers, dans la rue, en SAVS*, au sein d’une communauté thérapeutique, en clinique psychiatrique).
Comment, avec ou sans murs, les professionnel·les ont-ils pu continuer à accompagner, rassurer, soigner dans des circonstances nouvelles et imprévisibles ? Ces textes témoignent de la capacité des équipes à faire face aux difficultés. On a assisté à une mise en avant de nouveaux modes de travail (avec les nouvelles technologies si souvent décriées). La dernière partie du dossier tente une analyse de cette période avec les textes de Jean François Gomez Penser le traumatisme avec ses effets d’ouverture, de Marie-Jean Sautret Approche historique du nœud que nous traversons, et de François Chobeaux qui avec provocation écrit « Vive le covid ».
On peut voir à travers le journal de bord d’un SAVS ou encore le témoignage d’une expérience en Fam (Foyer d’accueil médicalisé) comment continuer à inventer, à prendre soin malgré une vie refermée en ehpad et des droits fondamentaux bafoués. Le dossier décrit enfin comment, à la clinique de La Borde, le club thérapeutique indépendant a respecté les mesures sanitaires en préservant les modalités spécifiques de la psychothérapie institutionnelle.
* Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, Maison d’enfants à caractère social, Service d’accompagnement à la vie sociale
L’étendue inattendue de la pandémie a conduit à questionner la réactivité et les pratiques professionnelles de l’ensemble des acteur·trices du champ de la lutte contre les exclusions.