Fais ce que je dis et ne fais pas ce que je fais
A-t-on le droit de cacher leurs défauts ou leurs erreurs à ses ami·es pour ne pas les froisser ou doit-on attendre qu’il·elles fassent l’objet d’attaques de la part de leurs ennemi·es pour les défendre ?
Fais ce que je dis...
A-t-on le droit de signaler à ses ami·es leurs fautes ou leurs bévues au moment où il·elles sont la cible d’attaques plus ou moins sournoises auxquelles peuvent être assimilées les critiques qu’on leur adresse amicalement ?
Mouvement complémentaire de l’Éducation nationale, les Ceméa ne sauraient avoir d’autre objectif vis-à-vis de l’école que de la soutenir dans sa mission de démocratisation de l’accès à la culture et de l’y aider. C’est ce que font les militant·es des Ceméa en s’engageant sans ambiguïté dans la formation des responsables et des acteur·trices de l’accompagnement à la scolarité1 ou dans la réflexion sur la violence2. Doivent-il·elles pour autant soutenir des pratiques de l’école qui vont à l’encontre des pratiques d’Éducation nouvelle qu'il·elles contribuent, depuis plus de soixante ans, à promouvoir (avec d’autres) dans et autour de l’école ? Cela risque d’accréditer le fait qu’un organisme d’éducation (et il serait difficile pour l’Éducation nationale de nier en être un, compte tenu du nom qu’elle porte, même si certain·es de ses acteur·trices refusent d’être des éducateur·trices...) peut continuer à croire qu’il est possible d’éduquer en s’appuyant sur un principe que les Ceméa n’ont jamais cessé de combattre : « Fais ce que je dis et ne fais pas ce que je fais » ? Doivent-ils faire taire ou différer leurs critiques pour ne pas les mêler au concert de ceux et celles qui, mal intentionné·es, cherchent à lui porter atteinte ? Le dilemme est bien réel.
1Voir, sur ce sujet, le dossier « L’accompagnement scolaire » dans VEN n° 482 de novembre 1997.
2 Voir, notamment, le dossier « Violence, société et école » dans VEN n°483 de février 1998.
Pour faire passer un process, le pratiquer
Quelle que soit l’action éducative dans laquelle se trouvent engagés des militant·es de l’Éducation nouvelle, qu’elle se situe directement avec des enfants, des jeunes ou des adultes ou dans une situation de formation, il·elles ont toujours à cœur d’être, eux·elles-mêmes, souhaitant qu’en fassent de même ceux et celles auxquel·les il·elles s’adressent. S’agit-il de montrer à des animateur·rices ou à des directeur·ices en formation comment peut s’organiser l’accueil en centre de vacances, ils et elles le pratiquent lors du stage de formation. Veulent-il·elles montrer à des éducateur·rices spécialisé·es comment tirer le meilleur parti de la vie collective pour l’éducation, la rééducation ou la thérapie d’enfants qu’ils auront à prendre en charge, les formateur·rices mettent en œuvre, avec eux·elles, une organisation de la vie collective dont il·elles pourront s’inspirer après l’avoir analysée ensemble. S’agit-il de transmettre un jeu, un chant, une autre activité ; stagiaires et formateur·trices pratiquent ce jeu, ce chant, cette activité dans les mêmes conditions ou dans des conditions aussi voisines que celles dans lesquelles il·elles les conduiront à leur tour. « Fais ce que je dis et ne fais pas ce que je fais » a toujours constitué pour les Ceméa une telle aberration que combattre activement (c’est-à-dire par l’exemple) ce précepte équivaut pour ses militant·es à ce que peut être pour d’autres la lutte contre un démon omniprésent et multiforme dont il faut se garder à tout instant…