L’éducation populaire au cœur des politiques publiques
Le 8 avril 2025, à l’Assemblée nationale, un colloque organisé par le CNAJEP et la députée Florence Hérouin-Léautey a réuni organisations d’éducation populaire, parlementaires et élu·es locaux·ales dans la perspective de relancer et de structurer une Proposition de loi dédiée à l’éducation populaire, avec l’ambition de l’inscrire durablement au cœur des politiques publiques.
Bâtir un avenir émancipateur et fraternel
Dans la continuité des Rencontres nationales de l’Éducation populaire (RNEP), organisées à Poitiers du 30 mai au 1er juin 2024, le CNAJEP et la députée Florence Hérouin-Léautey ont souhaité prolonger la dynamique collective engagée.
Le colloque intitulé « Pour un XXIᵉ siècle émancipateur et fraternel : l’éducation populaire au cœur des politiques publiques », tenu le 8 avril 2025 à l’Assemblée nationale, a permis de croiser les regards d’organisations d’éducation populaire, de parlementaires et d’élu·es afin de poser les bases politiques et opérationnelles d’une proposition de loi ambitieuse en faveur de l’éducation populaire.
Une mobilisation forte pour une proposition de loi trans-partisane
Le 8 avril 2025, la Salle Colbert de l’Assemblée nationale affichait complet. Parlementaires, élu·es locaux·ales et acteur·rices de l’éducation populaire se sont réuni·es dans un cadre de travail explicitement tourné vers la construction d’une Proposition de loi, avec une volonté affirmée de dépasser les clivages partisans.
L’objectif partagé : faire de l’éducation populaire un pilier reconnu de l’action publique nationale, et non plus une politique périphérique ou conjoncturelle.
Quatre ateliers thématiques ont structuré les échanges — égalité des droits, reconnaissance de l’éducation populaire, attractivité et valorisation des métiers, complémentarité éducative — autant d’axes appelés à constituer l’ossature même de la future Proposition de loi. Leurs restitutions ont fait apparaître un constat commun : face à l’aggravation des inégalités sociales, territoriales et démocratiques, l’éducation populaire agit déjà comme une politique publique de fait, mais sans le cadre législatif et les moyens pérennes nécessaires.
Dans de nombreux territoires, urbains comme ruraux, les associations d’éducation populaire garantissent l’accès effectif aux droits fondamentaux — vacances, culture, engagement citoyen — et accompagnent les habitant·es dans la construction de réponses collectives. La Proposition de loi vise précisément à reconnaître ce rôle, à sécuriser l’action des associations et à affirmer la responsabilité de l’État dans la réduction des inégalités territoriales, plutôt que de laisser ces missions reposer sur des initiatives fragilisées.
Les échanges ont également souligné l’enjeu stratégique de la reconnaissance institutionnelle et statistique de l’éducation populaire, condition indispensable à toute politique publique ambitieuse. Documenter, objectiver et rendre visible l’impact des actions constitue un levier central pour légitimer l’inscription de l’éducation populaire dans la loi, tout comme le renforcement de la coopération entre acteurs, du local au national.
La question des métiers a occupé une place centrale dans les débats. La Proposition de loi devra apporter des réponses structurelles à la crise d’attractivité du secteur, marquée par la précarité de l’emploi, le manque de reconnaissance et l’insuffisance des parcours de formation. Les participant·es ont plaidé pour un plan ambitieux de valorisation des métiers de l’éducation populaire, fondé sur la formation, la reconnaissance professionnelle et le décloisonnement des logiques sectorielles.
Enfin, les échanges autour de la complémentarité éducative ont rappelé que la future loi devra affirmer clairement la place de l’éducation populaire aux côtés de l’école, dans une logique de co-éducation et de continuité éducative. Loin d’une relation de prestation, il s’agit de reconnaître l’éducation populaire comme un partenaire à part entière des politiques éducatives, notamment dans les territoires les plus fragilisés.
Une urgence démocratique au cœur de l’enjeu législatif
Si l’éducation populaire constitue un maillon essentiel pour “faire société”, c’est aussi parce que ses acteur·rices sont souvent les plus proches des habitant·es et les mieux placé·es pour recréer de la participation démocratique. Dans un contexte de défiance croissante envers les institutions, la proposition de loi apparaît comme un outil politique majeur pour répondre à l’urgence démocratique, en reconnaissant celles et ceux qui, au quotidien, font vivre la République.
En conclusion, Florence Hérouin-Léautey a rappelé la dimension éminemment politique de cette démarche : « Cette proposition de loi ne pourra aboutir que si nous sommes nombreux et déterminés à défendre un futur désirable pour nos enfants et à donner à l’éducation populaire la place qu’elle mérite dans la loi. »
Un appel clair à la mobilisation collective pour transformer l’essai législatif engagé depuis les RNEP de Poitiers 2024.