Premières collaborations en lien avec la psychiatrie en 1946
Dès 1946 les Ceméa intègrent la psychiatrie dans leur champs d'action. Pourquoi et comment ?
Dès 1946
Durant la guerre, les établissements de santé, leurs soignant·es et leurs patient·s vont beaucoup souffrir. Mais c’est surtout dans les asiles psychiatriques que les conditions seront les plus épouvantables. 50 000 malades mentaux vont y mourir. De nombreux soignant·es, dont certain·es ont vécu l’univers de l’enfermement et du mépris des individus dans les camps de prisonnier·ères et les camps de concentration ne supportent plus ce que sont les pavillons d’hospitalisation. Plusieurs médecins, sous l’impulsion de François Tosquelles et de Lucien Bonnafé, compagnons de route des CEMEA, vont créer le projet de la psychothérapie.
C’est dans ce contexte, en 1946, que Germaine Le Hénaff, ancienne directrice de maisons d’enfants pendant la guerre et récente permanente des CEMEA, va rencontrer Georges Daumezon, médecin chef à l’hôpital psychiatrique de Fleury les Aubrais. Après l’avoir questionnée sur son travail, le médecin lui demanda : « Pourquoi n’organiseriez-vous pas des stages pour les infirmier·ères psychiatriques ? ». « C’est à partir de cette rencontre…que s’est ouvert aux CEMEA le champ de la collaboration avec le secteur psychiatrique ». (G. Le Quillant »).
En 1949, le 1er stage pour les infirmier·ères psychiatriques voit le jour.
Germaine Le Hénaff, devenue Le Guillant, son mari Louis Le Guillant, psychiatre, aliéniste, lui-même militant des CEMEA, Georges Daumezon et Roger Gentis vont créer en 1954 la revue « Vie sociale et traitements » qui va avoir 1000 abonnés dès le 1er mois.
Les années 1957/58 vont avoir une grande importance pour le secteur psychiatrique et un peu pour les CEMEA qui vont participer à ce qu’on a appelé « le groupe de Sèvres ». En effet c’est à partir de rencontres de soignant·es militant·es du changement au sein de la psychiatrie publique, auxquelles participaient des membres des CEMEA, que s’est élaboré ce que l’on a appelé la psychiatrie de secteur qui a été une révolution au sein de la psychiatrie française. Et ces réflexions et propositions se sont concrétisées par la circulaire du 15 Mars 1960 qui a créé la sectorisation.
Les stages vont se développer et se diversifier : le 1er stage pour les infirmier·ères des services d’enfants voit le jour en 1962 et en 1966, c’est le tour du stage pour les surveillant·es généraux·ales des hôpitaux psychiatriques. A partir de 1962, des stages et des activités relatives au secteur vont se décentraliser dans certaines délégations régionales des CEMEA. Des formations seront aussi organisées en Belgique, en Suisse, en Italie, en Algérie.
En 1967 les CEMEA créaient en leur sein un secteur spécifique qui s’est appelé « Les équipes de santé mentale ».
C'est seulement en 1973 qu’un diplôme d’infirmier·e du secteur psychiatrique voit le jour au niveau national. Il sera supprimé en 1992 pour faire place à un seul diplôme d’infirmier·e d’Etat. Les CEMEA continueront d’intervenir dans la formation continue des soignant·s du secteur sous de nouvelles formes.