Dossier VST n° 154 Institutions sous contrôle

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Caméras, portes verrouillées, procédures imposant des temps mesurés d'interventions, la surveillance entre, timidement encore mais franchement, dans les institutions et services. Comment ces phénomènes sont-ils vécus par les usagers et les professionnels sur le terrain ? Quel sens donner à ces modalités de contrôle ou de surveillance ? 

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La surveillance en tant que telle, directe, entre timidement encore mais franchement dans les institutions et services. Déjà des caméras suivent les personnes accueillies dans les couloirs, des portes verrouillées ne s’ouvrent qu’à la trace digitale, des « réseaux sociaux » servent au traçage des individus… Par ailleurs, sous le vocable de « bonnes pratiques », les textes, protocoles, procédures imposent des temps mesurés d’intervention, des tableaux numériques.
Il s’agit d’une nouvelle modalité de surveillance des pratiques qui demain rendra possibles la contention en lieu et place de la compréhension, ainsi que le « travail à l’acte » au lieu du travail pluridisciplinaire, indice de démocratie dans nos institutions d’éducation et de soin.
Comment ces phénomènes sont-ils vécus par les usagers et les professionnels sur le terrain ? Quel sens donner à ces modalités de contrôle ou de surveillance ? Devons-nous les accepter ? Leur présence ne vient-elle pas interroger le cœur même des pratiques d’infirmier, d’éducateur, de thérapeute ? Enfin, comment agir, par quelles formes de résistances, de contournements et d’innovations ?

Comment ces phénomènes sont-ils vécus par les usager·gères et professionnel·les sur le terrain ? Quel sens leur donner ? Devons-nous les accepter ? Pouvons-nous résister, contourner, innover ? Est-ce un modelage ou une tentative de mise au pas ?

Une affaire de droits de l'Homme

Le premier article parle des droits de l’Homme, des méthodes intrusives, de la mise en péril des libertés individuelles, du droit à la vie privée, et même publique. Dans le second article, il est question de l’inefficacité de la vidéosurveillance sur les pratiques délinquantes. Ensuite Gaëlle Légo fait le lien entre société de surveillance généralisée et la gestion de la pandémie. Cassandre Pallas attire notre attention sur l’obligation vaccinales des soignant·es.
Le dossier présente également un focus sur la réalité du contrôle et de la surveillance sur les terrains. François Simonet mesure les importants écarts entre contrôle et évaluation, et Muriel Sacchelli décode des mises en scène discursives effectuées lors de formations qui confinent au formatage. René Fiori traite enfin d’une dignité du sujet en voie d’abrasion.

Un glissement des pratiques inquiétant

La protection de l’enfance n’échappe pas à l’ambiance générale et Nicolas Dilé décrit le glissement inquiétant des pratiques dans ce secteur. Joseph Rouzel témoigne lui de manière explicite comment un centre de formation est interdit de pratiques en raison de contenus non corrélés à ceux tenus pour officiels. Dans « debout les artisans » Jean-François Gomez, en mettant en avant le modèle de l’oeuvrier (cher à Roland Gori), propose une nécessaire distinction ente service et servitude. Enfin, dans le dernier article du dossier Henri Santiago Sanz revient sur la notion d’esquive (défendue par Deligny) pour réagir à la norme imposée.