L'urgence d'un sursaut éducatif pour l'avenir de notre Société
Les Ceméa se sont exprimés dans une tribune du Café Pédagogique suite au décès de Nahel, jeune homme de 17 ans et à l'enchainement d'actions violentes qui ont suivi. Pour eux, cette mort n'est pas une simple bavure. C'est une faute grave qui vient sceller le sentiment d'injustice et de violence que ressentent beaucoup d'adolescent⋅es et de jeunes.
Et si la colère exprimée dans cette révolte était à l'image de la violence psychique que ressent notre jeunesse?
Les Ceméa observent au quotidien que les politiques comme les medias, ne s'intéressent aux jeunes de quartiers dits populaires qu'à l'occasion de leurs transgressions. Il est absolument nécessaire aujourd’hui que la société tout entière, jusqu’au plus haut niveau de l’État, reconnaisse ses responsabilités et assume ses erreurs. Il faut aussi qu’elle en tire les conséquences et ne se contente pas d’une répression qui ne fait que traiter superficiellement les symptômes d’un mal profond sans s’attaquer aux causes, pourtant connues et dénoncées depuis des décennies.
Il n’y a pas d’avenir possible sans une éducation à la hauteur de notre idéal républicain.
Les Ceméa se battront sans relâche avec toutes celles et tous ceux qui considèrent que l’éradication de la précarité et de la pauvreté, la disparition des ghettos, le développement des services publics sur les territoires aujourd’hui sinistrés sont fondamentaux pour notre avenir commun.
Pour la création d’un secrétariat d’État en charge d’un « service public des vacances et des loisirs »
Mais les Ceméa, nés sous le Front Populaire, ont aussi la conviction, que rien ne sera possible sans une éducation de tous les instants, à l’école, dans la famille, dans le périscolaire, dans la rue, pendant les vacances. Les Ceméa appellent à la création d’un secrétariat d’État en charge d’un « service public des vacances et des loisirs » qui permettra de favoriser la mixité sociale, le plaisir d’être ensemble et de partager des aventures humaines. Car, n’en doutons pas : ce n’est en aucun cas, le Service national universel (SNU), tel qu’il est conçu aujourd’hui, qui permettra à la jeunesse de découvrir la richesse des valeurs de la République. C’est, bien plutôt, la mise en œuvre concrète des droits fondamentaux d’accès à l’école, à la culture et à des loisirs qui sollicitent l’engagement et forment à la responsabilité, qui fera découvrir à notre jeunesse, grâce à des pratiques pédagogiques émancipatrices, ce que signifient « Liberté – Égalité, Fraternité ».
Vers des pratiques d’émancipation et de solidarité
C’est pourquoi, les Ceméa affirment qu’il est essentiel, pour réduire la fracture sociale qui se creuse et dont nous voyons les effets mortifères, d’investir massivement dans l’Éducation populaire, de former l’ensemble des acteurs et actrices de l’éducation, à promouvoir, partout et en tout temps, des pratiques d’émancipation et de solidarité, dans une logique interdisciplinaire et interprofessionnelle. Il est temps de sortir d’une conception de l’éducation en silos où l’on ne conçoit jamais l’enfant dans sa globalité. Car, nous ne dépasserons la crise que nous vivons aujourd’hui que par un sursaut éducatif. C’est ainsi, et ainsi seulement, que nous parviendrons à faire comprendre que les stéréotypes ne sont que des constructions mentales porteuses de divisions et que la solution pour l’avenir de toutes et tous ne peut passer que par la coopération. Il n’y a pas d’avenir possible sans une éducation à la hauteur de notre idéal républicain. Il est temps de le comprendre et de s’y mettre.
Enfin !