Sans tabou !

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Redoublement, classes de niveau, resserrement sur les fondamentaux, port de l’uniforme ?... Une nouvelle fois un locataire de la rue de Grenelle ressort les vieilles recettes, comme des vieilles lunes pour résoudre les problèmes de l’école. Cette fois encore un nouveau plan, annoncé le 5 décembre (le jour de la publication de l’enquête PISA !), va tout révolutionner et permettre de « relever le niveau général de l’école par un véritable choc des savoirs ».

L’annonce faite sur X, par le ministre Gabriel Attal « sans tabou » sonne comme un plan de bataille

La communauté éducative retient son souffle, rien n’a filtré. Une « pseudo consultation » par questionnaire a bien eu lieu ; cependant il n’y a pas eu de réelle co-construction du côté des personnels, des parents ou encore des associations complémentaires. Pourquoi s’embarrasser de celles et ceux qui font l’éducation de toutes et tous au quotidien pour travailler à une réforme d’ampleur ?

Oui, les Ceméa portent l’ambition de réformer le système éducatif en général et l’École en particulier. La politique éducative du pays a besoin de transformation en profondeur pour donner à vivre aux enfants et aux élèves une école émancipatrice, proposant aux citoyens et citoyennes en construction les clés pour bâtir la société de demain, renouveler la démocratie et installer véritablement la transition écologique. Mais ces transformations ne pourront se faire qu’en s’appuyant sur tous les acteurs concernés, en prenant le temps d’un véritable dialogue.

 

L'education tout au long de la vie

Or, le temps du politique vient ici empêcher un véritable travail en profondeur qui aurait permis à l’ensemble d’une société de penser son système éducatif. C’est pourtant d’un temps long dont a besoin une politique éducative, d’une période qui dépasse largement, ne soit pas assujettie à des échéances électorales ou politiciennes et puisse s’inscrire dans la durée afin de permettre véritablement aux enseignant·es, aux parents d’élèves, aux associations complémentaires de l’école, à l’ensemble des acteurs et actrices éducatives d’installer une démarche, de prendre le temps d’un bilan et de développer un plan d’action qui puisse permettre une réelle mise en œuvre.

1995, 2002, 2007, 2008, 2012, 2018… depuis 1995, aucune génération d’élèves n’a pu vivre complètement sa scolarité sans être bousculée par une réforme des programmes 

 

Aucun·e enseignant·e n’a pu s’approprier pleinement les démarches et réflexions de celles et ceux qui avaient pensé et élaboré ces évolutions. 

Et si, pour une fois, on prenait le temps nécessaire pour travailler à une véritable transformation de notre système éducatif en mettant autour de la table l’ensemble de la communauté éducative, en prenant en compte toutes les contraintes et les évolutions de nos sociétés, dépassant la période d’un mandat électoral ou ministériel ?

Vers une réelle coéducation

Les Ceméa, comme bien d’autres, sont prêts à y participer, à partager toutes leurs connaissances, compétences et savoir-faire développés sur le terrain de leurs actions concrètes. Car, de leur côté, il n’y a jamais eu de tabou en matière d’éducation, bien au contraire. C’est le plus souvent du côté de l’Éducation nouvelle, de ses pédagogues engagé·es que des transformations importantes sur les méthodes d’apprentissages ou sur le rapport au savoir ont été engagées.

Alors chiche, Monsieur le Ministre !

Prenons le temps cette fois, sans tabou, d’une véritable démarche de transformation, qui ne relève pas de coup de menton, ou de quelques annonces de communicants. Une transformation en profondeur qui recueille l’assentiment de la communauté éducative et plus largement de notre société. Un véritable projet qui n’ait pour d’autre fonction que de construire la société de demain et qui ne puisse être comme à l’habitude détricoté par la personne qui vous succédera.