Divina Frau-Meigs, sociologue des médias, membre du conseil scientifique du CIEME et très impliquée dans les travaux des Ceméa sur l’éducation, la citoyenneté et les médias, parle de la crise des médias et met en avant les enjeux de les dimensions citoyennes et éducatives qui doivent être prises en compte dans les réponses à apporter.
"L’accès à l’actualité s’est démocratisé pour ceux qui sont équipés intellectuellement et technologiquement, les info-riches. Ceux qui étaient informés par les moyens traditionnels ont transféré certaines compétences et moyens en ligne et les optimisent grâce à des outils de plus en plus conviviaux et des bases de données et sources de plus en plus plurielles. Cela ne résout pas la fracture numérique alignée sur les fractures économiques, sociales et culturelles. Cela ne résout pas le problème des info-précaires, qui sont issus de milieux défavorisés, dont certaines catégories de la classe moyenne (personnes âgées, handicapés,…). Le pouvoir-faire des élites et intellectuels se creuse par rapport au savoir-faire d’une grande majorité de personnes en situation de précarité informationnelle et les « gratuits » ne sont pas la solution car l’actualité qui est diffusée est appauvrie, squelettique et à long terme inutilisable. Dévaloriser le travail sur l’actualité n’est pas vraiment rendre service aux plus pauvres, qui sont souvent dépendants d’une seule source d’information."...
"Je milite pour une éducation aux médias et à la culture informationnelle “à la française”, qui prenne en compte trois dimensions souvent présentées comme incompatibles et en concurrence dans les modèles en circulation actuellement : la dimension protectionniste (il existe des contenus et comportements à risque qu’il faut critiquer), la dimension patrimoniale (il existe des contenus historiques, culturels à recycler, diffuser, s’approprier) et la dimension participative (il existe des contenus à créer, mixer, mettre en commun,…)"...
A lire la suite et l’intégralité sur le site "Enfants, écrans, jeunes et médias" des Ceméa.
Cette interview a été réalisé pour le site de Digital journalism, OWNI.