La ville et la communauté d’agglomération (ÇA) ont imaginé, ensemble, des ateliers d’écriture afin de bousculer
les représentations qui éloignent familles et professionnels.
Pour répondre à l’appel à
projets « En associant leurs
parents, tous les enfants
peuvent réussir », lancé conjointement
par l’Inter-réseaux des
professionnels du développement
social urbain [IRDSU] et ATD
Quart Monde, la ville d’Alencon
et la communauté d’agglomération
(ÇA] du pays de Fiers ont choisi de
s’associer. « Un tel projet [la lutte
contre l’échec scolaire] se prête
particulièrement bien au partage
d’expériences », commente Annie
Zakani, chargée de mission « politique
de la ville » à Alencon.
Libres d’adopter l’outil de leur
choix, les deux partenaires ont
misé sur des ateliers d’écriture
animés par un intervenant du
centre d’entraînement aux méthodes
d’éducation active (Cemea] de
Basse-Normandie. Ils se déroulent
parents d’un côté, et professionnels
de l’autre - enseignants, animateurs
de centre de loisirs, éducateurs
spécialisés, personnel des
caisses d’allocations familiales
(CAFJ -, avant, prochainement, de
réunir les deux groupes. Objectif :
faire évoluer les représentations
réciproques, souvent fausses, qui
séparent parents et professionnels,
et qui, par ricochet, handicapent
le parcours des enfants.
Évolution des pratiques
Lancée en juin 2010 pour une
durée de quatre ans, l’initiative,
qui fera l’objet d’une évaluation
par un chercheur de l’université
de Caen, vient de franchir un cap :
« Après avoir cheminé chacun
de leur côté, les deux groupes en
sont arrivés au point où ils expriment
le besoin de se rencontrer »,
précise Annie Zakani. En dixhuit
mois, la douzaine de familles concernées, contactées par les
professionnels qui les accompagnent
sur des questions éducatives,
a pu participer à une dizaine
d’ateliers. Les sujets - C’est quoi
pour vous réussir, être aidé ? - ont
aussi été soumis à la trentaine de
professionnels volontaires. « Se
retrouver face à une page blanche
n’a pas été difficile que pour les
parents ! Les professionnels ont dû
s’exprimer à titre personnel, ce qui
n’est pas courant dans leur pratique
», analyse Sébastien Seguin,
coordonnateur du projet de réussite
éducative (PRE) de Fiers,
associé à l’initiative.
Les coordinateurs du projet enregistrent
déjà les premiers changements.
« Les parents reprennent
confiance en eux, se félicite Annie
Zakani. L’atelier d’écriture leur
apporte la preuve que leur parole
a de la valeur. Ils apprécient le fait
d’écrire car "quand on écrit, on
approfondit", disent-ils. »
« Les professionnels ont désormais
le réflexe d’associer les familles
quand ils conçoivent un projet à
leur intention. Ils sont sortis de la
posture de "ceux qui savent ce qui
est bien pour les autres" », ajoute
Sébastien Seguin.
Sophie Le Gall