Cet événement n’a pas eu bien entendu les honneurs de la presse puisqu’il n’y avait ni sang à offrir,
ni scoop médiatique, ni barrage de route, ni vociférations politiques, ni scandales financiers... bref pas
de quoi faire de l’audience, matraquer, imposer et orienter centres d’intérêts et opinions.
L’attente fut vaine également concernant le département et la Région Réunion, vaine également sur
une représentation officielle des administrations de tutelle.
50 ans après la création des CEMEA de la Réunion, les choses ne changent donc pas beaucoup
et les mouvements d’éducation et de jeunesse continuent de vivre et de mourir dans l’indifférence
la plus totale alors que les constats sont partagés et les nombreux colloques, séminaires et assises
réunissant tout ce que l’île compte de gens importants à l’élocution brillante, sont là pour le confirmer.
On interpelle bien entendu les associations pour solliciter des réponses rapides voire immédiates
quand il y a le feu sur le front social... et nous oublier aussi vite le calme revenu.
C’est vrai qu’elles ne restent pas à leur place, qu’elles n’attendent pas sagement l’obole. C’est
vrai qu’elles ont la prétention, l’insolence peut-être de proposer parfois des montages, dispositifs,
expérimentations à ceux qui sont persuadés de détenir la vérité.
C’est vrai aussi qu’elles réussissent avec des moyens dérisoires, des manifestations qui gênent ceux
qui le font avec grand renfort de communication en puisant abondamment dans l’argent public.
Le contexte qui prévalait en 1963 à la création des CEMEA n’est plus le même bien entendu,
les changements sont partout visibles, mais le malaise n’a changé que de visage. Il y a la crise
économique avec son lot d’exclusions et d’inquiétudes, le lien social et familial en péril, une
jeunesse désorientée, une absence de perspective, l’individualisme, le corporatisme et l’égoïsme qui
s’installent...
C’est dans ce contexte nouveau d’abondance matérielle mais de carence sociétale et humaine que
les associations d’éducation populaire oeuvrent, proposent et accompagnent.
Elles se mobilisent sur la question du sens, sur celle encore de la plus value sociale et individuelle en
se demandant comment mobiliser voire remobiliser un jeune ? Comment faire en sorte qu’il existe,
s’accomplisse, progresse et soit utile à la société ? Quels dispositifs imaginer avec les décideurs dans
une réelle logique territoriale et partenariale, pour rompre avec la logique de la fatalité ? Elles mettent
au coeur de leur projet la question de la cohésion sociale, du respect de la personne, la question de
la famille qui n’est plus sur le modèle des années 60, celle de la valorisation et de l’accès à la culture,
la question aussi des médias, celle enfin de l’école et de sa refondation depuis longtemps souhaitée
et attendue, et qui ouvre enfin de réelles perspectives en terme de partenariat, de richesse et de
démocratie.
Ces préoccupations ont été réaffirmées avec force ce samedi lors de cette soirée anniversaire
exceptionnelle et riche en émotions, qui a permis de remercier les premiers militants, Christian Barat
et Daniel Honoré notamment.
Merci à tous ceux qui ont jugé utile de venir partager ces utopies et qui y ont trouvé comme moi plus
de sens et d’intérêt qu’aux matraquages quotidiens sur la candidature controversée de l’épouse du
maire de Saint-André, les divisions à rebondissements au sein de l’UMP locale, la possible retour
à Saint-Louis d’un ex-futur édile cumulant 8 années inéligibilité, les expressions caricaturales des
éternels opposants à une école pensée pour l’enfant, nos nouvelles stars de la chansons...
Merci aux CEMEA pour ces 50 années mises au service de la jeunesse, des vacances, de l’
éducation et de la formation à la Réunion.
Un militant des CEMEA ( centre d’ entraînement aux méthodes d’ éducation active).