Hier, à La FabricA, ce lieu dont ont longtemps rêvé les deux derniers directeurs et dont ils ont, avec le soutien des tutelles, mené le projet à bien avec un sens réel de la pérennité d’Avignon, Olivier Py présentait à la presse et au public la programmation de l’été 2014.
Le 68e festival. Les intermittents avaient déployé une banderole appelant au maintien de leur statut. Il le sera, et juillet devrait être serein. Tout au long de l’hiver, les artistes à l’affiche ont rencontré le public. Vieille et fructueuse pratique de la manifestation qui a grandi dans l’esprit de l’éducation populaire. Les Ceméa (centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active) sont toujours là pour maintenir cette flamme essentielle. Le festival a récemment signé une convention avec un collège du quartier de La Rocade. Les élèves seront associés à de nombreuses créations 2014. Théâtre, danse, musique, les fondamentaux ne changent pas. Nulle violente révolution dans les projets du directeur et de son équipe rapprochée, Agnès Troly, programmatrice, l’un des meilleurs connaisseurs du terrain en France, en Europe et au-delà, et Paul Rondin, directeur général. L’ancrage dans le tissu urbain et régional est renforcé (notamment avec des accords Avignon/La Criée de Marseille).
Un souci clair de reconduire les artistes français au cœur du festival se dessine. Mais sans rigidité... et d’ailleurs, c’est un grand Italien qui ouvre l’édition 2014 dans la Cour d’honneur :
Giorgio Barberio Corsetti met en scène Le Prince de Hambourg de Kleist dans la traduction de Ruth Orthmann et Eloi Recoing avec Xavier Gallais dans le rôle-titre, et notamment Anne Alvaro, Eléonore Joncquez, Luc-Antoine Diquéro. Un événement que ce retour du Prince 63 ans après Gérard Philipe et Jeanne Moreau... Une manière de jeter un pont jusqu’aux fondations. Du même Kleist sera donné, au Cloître Saint-Louis, La Famille Schroffenstein.
Pour les jeunes et futurs « grands »
Du plus grand espace au plus petit, à la Chapelle des Pénitents Blancs, trois spectacles jeune, public sont à l’affiche. Olivier Py consacre beaucoup d’énergie à la question d’une écriture pour les jeunes et futurs « grands » spectateurs. Inutile de dire que tout adulte trouvera son bonheur à découvrir trois textes contemporains pour jeunes dont le Falstafe de Novarina mis en scène par Lazare Herson-Macarel. La question de la présence d’Olivier Py auteur est résolue dès ce premier été : il a écrit Orlando ou l’impatience et le créera à La FabricA dès le 5 juillet.
C’est dans cet espace très confortable que l’on verra l’enthousiasmant Henry VI de Shakespeare selon Thomas Jolly, œuvre-fleuve idéale pour un festival, manifeste de la jeunesse et de la passion pour le jeu. Inscrite dans l’Histoire est la pièce de Denis Guénoun, Mai, Juin, Juillet, qui retrace les événements de 1968 : POdéon, Villeurbanne, Avignon. Créé il y a deux ans au TNF de Villeurbanne pour quelques représentations, le spectacle réunit une cinquantaine d’interprètes et dans les partitions clés de Jean-Louis Barrault et Jean Vilar, Marcel Bozonnet et Robin Renucci (Éric Ruf, qui le créa, étant retenu au Français).
Il sera donné à POpéra-Théâtre. Si des artistes que l’on connaît bien sont à l’affiche (Claude Régy, Emma Dante, Marie-José Mails, Michel Raskine), le renouvellement, pour le public, est manifeste : Yannis Mavritsakis, Dimitris Karantzas, Satoshi Miyagi, Antonio Araujo, Alexandre Singh, le BelgeFabrice Murgia, Didier Ruiz, Nathalie Garraud et Olivier Saccomano qui iront à la rencontre du public du Grand Avignon avec Othello, variation pour trois acteurs. Un spectacle léger susceptible d’être installe dans des lieux non réservés au seul théâtre. Et une variation sur Don Giovanni par Antu Romero Nunes. Côté danse, on prend les mêmes et on recommence : Julie Nioche, Robin Orlin, Thomas Lebrun et Alain Platel (avec Fabrizo Cassel). Mais outre Arka di Zaides, nouveau venu (Tel-Aviv), deux vraies surprises : Lemi Ponifasio, chorégraphe samoan, qui créera I am dans la Cour d’honneur et la rencontre de l’étoile Marie-Agnès Gillot avec Lola Lafon, auteur du joli livre sur Nadia Comanenci, La Petite Gymnaste qui ne souriait jamais, dans le cadre des Sujets à vif de la SACD.
Enfin, c’est par un concert des Têtes raides dans la Cour d’honneur, Corps de mots, que se terminera le 27 juillet cette 68e édition prometteuse. Olivier Py l’a souligné lors de sa présentation : « "Le ciel, la nuit, le texte, le peuple, la fête" disait Jean Vilar pour résumer le
Festival d’Avignon en cinq mots. » Il s’inscrit dans cette ligne pure. »
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