Le loisir collectif des adolescents, cadré par la règlementation des
Accueils Collectifs de Mineurs, qu’il convient de croiser avec des
enjeux et des ambitions éducatives, est la branche forte et en progression
du loisir collectif. Premier paradoxe à intégrer, quand des
pesanteurs sociologiques voudraient nous dire que l’heure est à
l’individualisme. Second paradoxe qu’il conviendrait d’éclaircir,
cette insistance des mouvements pédagogiques, et plus encore
du mouvement d’éducation nouvelle que sont les Ceméa, à rappeler,
à affirmer en permanence que le loisir collectif des adolescents
est un “espace éducatif” où se construisent les citoyens
actifs de demain. Alors qu’un regard jeté trop rapidement sur la
« société adolescente », voire sur les titres des ateliers des rencontres,
lirait une démarche de consommation de divers objets,
que ce soit l’autre, l’étranger, l’ailleurs, son propre milieu, et par
extension soi-même, ou telle et telle activité.
Mieux encore, si cet espace est un espace d’éducation, un espace
ou on continue de venir grandir, un espace de passage, puisque
conduisant à l’autonomie et à la gestion en propre de sa vie, il est
défini, par la place que cet adolescent prendra dans l’élaboration
puis la réalisation de ses loisirs collectifs. Ce n’est pas la destination,
le thème, la préparation même du séjour qui le rendra éducatif,
ou non éducatif. C’est la place qu’aura l’adolescent dans le
séjour, quel qu’il soit, sa responsabilité, ses espaces de décisions,
la prise en compte de ce qu’il est, et pas de ce que l’on voudrait
qu’il soit, qui doit être le fil conducteur, voire le fil initial et générique.
C’est cette place, cette responsabilité assumée et agie qui lui permettra
d’appréhender à la fois ce que la vie collective permet, en
quoi elle est indispensable, et de prendre le recul suffisant à mieux
comprendre les rouages d’une société qui, dans sa vie quotidienne
d’adolescent, tend à ne vouloir faire de lui qu’un consommateur
le plus actif et le moins responsable possible.