Vaste monde que celui des adolescents, entre les quasi-enfants et les presqu’adultes. On tâtonne souvent pour savoir quand ça commence en abordant les rivages de la puberté et en doutant toujours plus pour savoir quand ça finit, troquant alors la physiologie et la psychologie pour la sociologie, avec des marqueurs sociétaux de moins en moins enclins aux certitudes : premier emploi, premier logement, mariage... Au passage, on aura brassé mille clichés globalisant et enfermant à leur sujet, entre l’approche pathologique, déviante... en tous cas privilégiant le spectaculaire pour ne rien dire des ados pour qui la vie va comme elle va, sans grands éclats de voix, parfois même avec bonheur se risquerait-on à écrire.
Pour autant, même quand le passage, la mue se fait sans bruit, elle n’est pas une période anodine.
Les premiers textes de ce dossier nous proposent repères et clefs de lecture pour éviter quelques écueils en territoire adolescent, occasion de se rappeler à ses propres souvenirs, son propre itinéraire pour ne pas oublier qu’on a été adolescent. Ne pas oublier qu’on a été membre de cette peuplade aux moeurs exotiques qui aujourd’hui nous intrigue, nous déroute... Les uns avec leur allure de « grand » ne rechignent pas à quelques régressions, certains saturent l’espace quand d’autres semblent absents avec leur casque, casquette ou téléphone greffé. Corps las soudain prompts à l’enthousiasme et à nous faire veiller tard le soir... Les séjours de vacances collectives sont l’occasion pour les adolescents de prendre du champ avec un espace quotidien corseté, de trouver un endroit où il est possible de s’écrire, de s’éprouver au milieu de ses pairs et au contact d’autre adultes. Alors peut-être faut-il se dire que plus que les adolescents c’est nous qui avons changé et plus encore la société qui nous entoure.
Les adolescents nous font prendre conscience du monde qui change. Par le regard neuf qu’ils posent sur lui...