Au-delà des expressions sécuritaires, il faut repenser le projet de la psychiatrie.

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Communiqué de presse du 26 mai 2023 : suite au décès de Carène Mezino, mortellement blessée au CHU de Reims, il y a quelques jours, les Ceméa rappellent l'impérative nécessité  de prendre des mesures concrètes pour reconstruire une psychiatrie humaine.

Face à cette situation douloureuse, prendre le temps d'une analyse sur l'état du secteur de la psychiatrie

Carène Mezino a été mortellement blessée au CHU de Reims, il y a quelques jours. C’est un nouveau drame dans le secteur de la psychiatrie. Les Ceméa ont avant tout une pensée pour la victime, sa famille, les patient·es présent·es et l’ensemble de l’équipe médicale.
Dans cette situation douloureuse et de grande émotion, les analyses rapides et les passions se déchaînent entrainant une surenchère sécuritaire et une récupération politique parfois outrancière. La situation exigerait pourtant un autre niveau d’analyse sur l’état du secteur de la psychiatrie dans nos sociétés.

Le secteur de la psychiatrie est depuis de très nombreuses années, victime des restrictions budgétaires drastiques, ce qui tend à démontrer un désintérêt massif des pouvoirs publics à l’encontre des patient·es et des équipes soignantes. Les fermetures de lits et la réduction des crédits sont légion et laissent les soignant·es se débattre seul·es au quotidien dans les services.
On est très loin d’un projet ambitieux pour la psychiatrie en France. Les Ceméa, mouvement d’éducation inscrit historiquement dans le champ de la santé mentale, souhaitent, dans ce moment douloureux, rappeler qu’il est indispensable de prendre des mesures concrètes pour reconstruire une psychiatrie humaine.

« On juge du degré de civilisation d’une société, à la façon dont elle traite ses fous »

Des mesures concrètes pour permettre aux professionnel⋅les d'agir dans un cadre sécurisant et efficace

  • Permettre aux soignant·es d’avoir des espaces de pensée et de formation.
  • Permettre aux patient·es en grande souffrance d’accéder à des espaces sécurisants et aidants, plutôt que de les enfermer en prison, ou de les laisser à la rue !
  • Redonner une place à l’activité comme médiation thérapeutique.
  • Redonner du sens à la pratique soignante, afin que les professionnel·les puissent reprendre toute leur place dans des équipes reconnues, soutenues et écoutées. Cela veut dire les reconnaître dans leur mission sur le plan symbolique, mais aussi concret (revalorisation salariale, renforcement des équipes, réouverture de lits, etc.).
  • Permettre aux soignant⋅es d’être auprès de leur patient·es plutôt que de crouler sous des démarches administratives sans cesse alourdies.