Retour sur la 4ème Biennale de l'Éducation nouvelle
La quatrième biennale internationale de l’éducation nouvelle s’est tenue du 29 octobre au 2 novembre 2024 dans un lycée à St Herblain près de Nantes. Organisé par Convergences, une organisation inter-mouvements d'éducation nouvelle, l’événement a réuni quelques 500 personnes.
Se rencontrer, confronter, échanger, débattre, partager.
Après 2017, 2019, 2022, la 4eme édition de la Biennale Internationale de l'Education Nouvelle a permis aux quelques 500 militant⋅es réuni⋅es au lycée Rieffel de St Herblain , de proposer plus de 90 ateliers et plus de 30 débats.
Ponctué de temps forts comme les conférences d’Edwy Plenel ou de Monique Pinçon-Charlot, encadré par une table ronde d'ouverture autour de la culture et une de clôture par Dorcy RUGAMBA, homme de théâtre rwandais, cet espace donne l'occasion de présenter des pratiques et des réflexions , de se confronter au doute, à la critique, à la contradiction, d'aller à la rencontre de l'autre, des autres... Autant de moments d'enrichissement, de partages qui donnent la possibilité et l'envie d'aller de l'avant, de se ressourcer et de se (re)lancer...
Une biennale en phase avec les enjeux du moment
Les propositions d'ateliers et de débats ont été structurées autour de 5 axes en lien avec les préoccupations, les défis, les enjeux fondamentaux des sociétés dans lesquelles les participant⋅es vivent :
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l’échec scolaire et ses liens avec les questions sociales ;
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la place et le devenir de l’Éducation Populaire et de l’Éducation Nouvelle dans nos sociétés ;
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la marchandisation de l’éducation face aux défis de la coopération et de la dimension internationale ;
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la montée des populismes et des totalitarismes ;
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les défis écologiques.
Au-delà des constats, il s'est agi de mesurer aussi quelle part de responsabilité les personnes présentes portent et comment elles sont prêtes à dépasser leurs propres limites pour agir ensemble pour un avenir plus engageant.
« Du moins pire au moins pire, n’arriverions-nous pas à quelque chose d’inacceptable ? »
Face aux reculs des droits sociaux, face aux discriminations, face aux inégalités liées aux déterminismes sociaux, les professionnel⋅les de l'éducation au sens large, c'est à dire non limité à l'éducation nationale, sont des acteurs et actrices clés pour porter et défendre des projets de société basés sur les valeurs humanistes et le respect des droits, des personnes, sur la transformation sociale par l'éducation.
Un grand témoin qui tape dans le mille.
Dorcy Rugamba, rescapé du génocide de 1994, metteur en scène, acteur, dramaturge et écrivain rwandais, était le grand témoin de ces journées. Il n’est pas spécialiste de l’Éducation Nouvelle mais il s'est dit rassuré par les préoccupations qu'il a entendues. Il met en alerte sur la responsabilité du monde de l’éducation qui ne fait pas exception dans le déni ou la volonté de ne pas voir les situations les plus ignobles et de laisser faire. Il sait de quoi il parle, la référence au génocide que son pays a connu est claire. Il a alerté sur les rancœurs qui peuvent fédérer et aussi sur les « guerres horizontales » entre les plus vulnérables.
Un regard à la fois touchant, lucide et sans concession sur l'humanité.
La dimension internationale
Avec 26 pays représentés, la dimension internationale était palpable et les efforts de traduction et d'interprétariat de militant⋅es volontaires pour que tous et toutes puissent comprendre, s'exprimer, échanger ont mobilisé les énergies.
Une motion en clôture suite aux refus de visas:
La clôture a adopté une motion à l’attention des ambassades et des ministères qui ont refusé des visas rendant ainsi impossible la participation de militant⋅es venant hors de l’espace Schengen. Il s'agissait de leur rappeler l’article 13 de la Déclaration Universelle des Droits Humains :
1 - Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un état.
2 - Toute personne a le droit de quitter tout pays y compris le sien et de revenir dans son pays.
Les Ceméa ont investi les différents espaces
Membres du comité de pilotage et/ou du comité régional d'accueil de la biennale dit le CRAB, petites mains en cuisine, au nettoyage, traducteur⋅rices, référent⋅es de groupes, animateur⋅rices d' ateliers et de débats, les militant⋅es des Ceméa France présent⋅es étaient autour de 80. De même, ils ont fait plusieurs propositions d'ateliers et de débats :
- l'AT Bourgogne Franche Comté s'est déplacée avec son camping-car équipé pour le projet #Itinérances Numériques. L
- l'axe "insertion lutte contre les exclusions" a proposé un atelier portant sur l'évolution sur 10 ans des publics dans l’école de la deuxième chance de Perpignan/Prades.
- Le secteur école des Ceméa France a co-animé le débat: Quel choix pour les parents dans les différents systèmes éducatifs ?
- l'axe Transition Ecologique a porté un débat qui s'intitulait " Mesurer le bilan carbone, un outil d’éducation en Anthropocène ?"
- Un jardin pédagogique et partagé, agir ensemble en proximité pour la transition
- Démarche VABEN (Valorisation Autonomie Bienveillance Éducation Nouvelle) dans un collège public 6,5,4 ,3èmes - Pédagogie institutionnelle avec Ceméa Paca
- Compréhension des enjeux géopolitiques et Éducation Nouvelle Cemea PDLL
- L’IA peut-elle rester au service de la relation pédagogique et des enseignants et formateurs ? Cemea France
- Vivre la Palestine, Cemea France
- Sensibilisation aux transidentités Cemea PDLL
- Accompagner un projet de revégétalisation de cours d’école, Cemea France
- Les terrains d’aventure, des espaces de liberté dans votre quartier, Cemea France
- Enfin, plusieurs expositions des Ceméa ont été proposées: celle à l'occasion des 70 ans de VST / Au bout du crayon"caricatures de presse sur l'écologie" / Palestine, une Terre peuplée. Par ailleurs, les Ceméa de Belgique proposaient l'exposition intitulée: Pédagogies actives
Mention spéciale au CRAB
Le comité régional d'accueil de la biennale, le CRAB, réunissait différents membres des associations locales d'éducation nouvelle. Autogestion en cuisine, service et animation du bar, chorale quotidienne, rendez-vous féministes, transports, accueil chaleureux des participant⋅es, montage et démontage du chapiteau, propositions et accompagnements de sorties culturelles, librairie, montage et démontage des expositions...sans doute, oublions-nous des actions que ce CRAB a portées mais la réussite de cette biennale repose aussi sur lui! Alors un grand bravo à eux et elles!
Et en 2026, soyons encore plus nombreux et nombreuses à Vérone!
En attendant 2026 et la prochaine biennale à Vérone, revivre la biennale 2024 à travers textes, témoignages vidéos et radio...