Dossier VST168 CO-SOIGNANCE ET PRATIQUES SOLIDAIRES EN INSTITUTION
Le dossier du VST 168 qui sort le 4eme trimestre de 2025, consacré à la co-soignance est le fruit d'une collaboration entre son comité de rédaction et l’epic , l ’École de psychiatrie institutionnelle de La Chesnaie. Tout un programme!
Allier psychothérapie institutionnelle et éducation populaire
Le dossier du VST 168 est l'aboutissement d'une rencontre entre son comité de rédaction accueilli à La Chesnaie en juillet 2024 et l’epic , l ’École de psychiatrie institutionnelle de La Chesnaie, constituée à parité de moniteur•irces et de pensionnaires. L’idée ? Réaliser le dossier thématique de VST en commun. Le thème ? Le groupe a choisi celui de la co-soignance.
Deux constats sur le monde de la psychiatrie, à l'origine de ce dossier : d’une part, le peu de place donnée à la parole des patient•es, malgré parfois de beaux discours théoriques, et d’autre part, l’émergence d’un mouvement de fond où les personnes concernées s’organisent, s’autoreprésentent, avec des formes nouvelles de collectifs ou d’autoreprésentation qui ne passent plus uniquement par les cadres institutionnels et s’inscrivent dans une santé mentale de plus en plus démocratisée. L'humanisation du soin, de l’accompagnement n’est plus uniquement l’affaire de collectifs de professionnel•les ou de familles. Comment ne pas tenter d’allier psychothérapie institutionnelle et éducation populaire dans la reconnaissance de la parole et du savoir de chacun•e ? Il est, encore et toujours, temps de le faire.
Comment, aux Ceméa, à Vst, ne pas s’ouvrir, et ouvrir les pages de la revue, à un collectif paritaire (patients-soignants) ?
Ne plus faire sans les personnes concernées!
Les lecteurs pourront découvrir ce dossier thématique portant sur une notion qui s’est élaborée à partir d’expérience et de théorisation principalement transmise à l’oral dans la clinique. En un sens, c’est un dossier
vst comme un autre dans lequel des auteurs d’horizons divers proposent leur point de vue sur un thème. Mais si jusque-là la spécificité de vst était de ne pas se limiter aux écrits d’universitaires, et d’inclure aussi dans ses pages, selon les thèmes, la parole de professionnel•les, d’étudiant•es, de bénévoles, de familles, de patients ou patient·es (les femmes ont-elles des besoins spécifiques à aborder ?), des associations et des groupes d’entraide mutuels…, avec ce numéro, une position est affirmée : Ne plus faire sans les personnes concernées !
L'ombre de menaces sur les structures, compagnes de route des Ceméa
Le projet des ceméa s’inscrit historiquement dans le champ de la psychothérapie institutionnelle. Depuis de nombreuses années, cet ancrage est rendu possible grâce au compagnonnage avec des lieux comme les cliniques de La Chesnaie et de La Borde. Le travail autour du dossier de ce numéro de vst signe cette collaboration. Ces établissements sont aujourd’hui interrogés dans leur fonctionnement, par l’ARS notamment.
S’agit-il au fond de mettre à mal cette approche qui vise à soutenir encore et toujours l’émancipation et l’humanité des personnes en souffrance psychique?
La co-soignance, vectrice d'émancipation
Qu’est-ce qui se joue quand un patient accueille la parole d’un autre patient ? À La Chesnaie, un terme est apparu : la co-soignance. Il évoque le soin prodigué entre pensionnaires, voire des pensionnaires aux soignant•es. Ainsi conçue, la co-soignance se distingue de la pair-aidance, qui reproduit la dimension hiérarchique et univoque de la relation soignant•e-soigné•e. Il semble donc vital de se pencher sur l’entraide, la solidarité, l’horizontalité qui émergent entre personnes institutionnalisées ou plus généralement marginalisées. Ces pratiques vectrices d’émancipation remettent en question les rapports sociaux.