La diversification des actions de formation de 1970 à 2000

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Les années 1970/80 voient la fin des « trente glorieuses ». Commence alors  une autre période historique y compris pour les Cemea. C’est la fin d’un développement continu depuis la fin de la guerre, les premières crises économiques, le plein emploi. 
Dans les secteurs d’activité des Ceméa, on passe progressivement de l’éducation populaire à ce l’on commence à nommer l’animation. On passe aussi d’une logique d’engagement bénévole à une logique de professionnalisation.

Des secteurs d'intervention variés dès l'après guerre

Les formes d’action et d’intervention dans les secteurs de la formation professionnelle se sont  développées aux Cemea dès la fin des années 40 et se sont peu à peu multipliées, à travers la formation des équipes de santé mentale, à travers la formation des personnels de l’éducation spécialisée, à travers la formation continue de certains personnels de l’enseignement public, et, à partir de 1971, à travers la  formation des responsables de l’animation socio-éducative. Dans les années 60 et 70, les Cemea géraient même 5 écoles d’éducateur⋅rices aggréées par le Ministère de la Santé.

Titre à repenser: L'animation volontaire secteur de pointe des Ceméa

En 1980, une semaine d’étude nationale avait réfléchi sur les formations des agents de l’action éducative, sociale et culturelle et avait jeté les bases des évolutions à venir.
Mais, en 1984, les formations des animateur⋅rices et directeur⋅rices des centres de vacances représentaient encore presque 90 % de l’activité des Cemea et l’ensemble des formations regroupées sous la dénomination FP à peine 10 %.

Un secteur de l’animation professionnelle va se développer aux Cemea dans les années 70. Les prémisses sont portées par la création du DECEP (diplôme d’Etat de conseiller d’éducation populaire) mis en place par le Ministère de la Jeunesse et des sports. En 1970 est créé le CAPASE (Certificat d’aptitude à la promotion des activités socio-éducatives) qui va être ouvert à tous les publics et va rapidement remplacer le DECEP. Cela coïncide avec la promulgation dela loi du 16 juillet 1971 sur la formation professionnelle continue dans le cadre de l’éducation permanente. 

Développement de l'animation professionnelle et Création de l'INPFRASE

Les Cemea s’engagent alors dans ce projet et ouvrent à Bénouville, à coté de Caen, l’Institut national pour la formation professionnelle des responsables d’animation socio éducative (INFPRASE) qui accueillera en octobre 1971 une première promotion pour une formation longue de 2 ans habilitée par le ministère.
En 1977 l’INFPRASE organise un cycle de formation professionnelle à la gestion des collectivités permanentes.
Par décret du 28 juin 1979 le DEFA (Diplome d’état aux factions d’animateur) est créé. L’INFPRASE va s’engager dans cette voie ainsi que d’autres délégations des Cemea (Languedoc-Roussillon, Ile de France entre autres).

Engagement des Ceméa dans l'insertion des jeunes

Parallèlement à ce début de structuration de la branche professionnelle de l’animation qui va s’amplifier dans les années 80, les problèmes économiques et les questions liées au chômage des jeunes comment à se poser.
1976 voit la mise en place du premier plan d’austérité par le gouvernement Barre et, l’année suivante, du « pacte national pour l’emploi des jeunes et contre le chômage ». Une des mesures de ce pacte est l’instauration des premiers stages d’insertion surnommés à l’époque les stages Barre.
Un débat assez tranché a lieu au sein des Cemea pour savoir si ceux-ci doivent ou non s’engager. Certaines délégations entreront dans le dispositif et s’engageront dans la mise en place de stages d’insertion et d’autres refuseront.

C’est, après la victoire de F. Mitterrand à l’élection présidentielle de 1981 et l’arrivée de la gauche au pouvoir que l’insertion des jeunes va prendre une autre ampleur. P. Mauroy, premier ministre, considère qu’il faut une réponse globale à ce problème. Il va demander à Bertrand Schartz, polytechnicien, ingénieur des mines et spécialiste des questions de formation professionnelle d’y travailler.
A partir du rapport de Bertrand Schwartz en septembre 1981 et de la politique d’insertion sociale et professionnelle des jeunes de 16 à 21 ans reposant sur des structures locales, partenariales et transversales puis de la création des missions locales et des PAIO sur l’ensemble du territoire en 1982, les Cemea s’engagent dans un accompagnement global des jeunes en difficulté d’insertion.

En 1983, à la suite de ce qui a été nommé « les opérations anti été chaud » à cause des problèmes de l’été précédent au sein des banlieues, les premières formations des dispositifs d’insertion sociale et professionnelle des jeunes vont être mises en oeuvre. La majorité des délégations régionales des Cemea vont cette fois s’y engager.

Congrès de Clermont: déclencheur de nouvelles dynamiques en 1984

Une année plus tard, les conclusions du Congrès de 1984 de Clermont Ferrand avaient porté, concernant la formation professionnelle, sur les structures nécessaires au développement des secteurs et sur les agents indispensables pour assurer les formations à mettre en oeuvre.
En prenant appui sur un réseau existant et sur un capital d’idées et de pratiques de formation reconnues à l’école, dans les hôpitaux psychiatriques, dans les établissements spécialisés, dans les lieux d’animation, l’objectif était de développer la diffusion des idées de l’éducation nouvelle au profit du plus grand nombre et d’utiliser le renforcement des champs d’action pour créer de nouvelles dynamiques et de nouvelles  sources de financement.

Il est alors décidé :
- de créer une sous-direction nationale de la formation professionnelle et de l’éducation permanente intégrée à l’équipe de direction nationale,
- de mettre en oeuvre un cycle de formation des permanents pour favoriser le développement d’acteurs qualifiés sur ces objets au niveau de chaque délégation régionale,
- de créer des structures spécifiques, du type d’instituts de formation professionnelle, dans un certain nombre de régions

S’ouvre alors une période de développement dans différents domaines : actions de formation des personnels de la petite enfance (personnels ce crèches, assistantes maternelles...), actions de lutte contre l’illettrisme, développement des formations à l’animation professionnelle. Celui-ci s’inscrit dans la consolidation progressive d’une filière de l’animation professionnelle au niveau de l’ensemble du territoire (du DEFA puis du BAPAAT aux DEJEPS ...). Les Cemea s’organisent peu à peu, pour couvrir au plan régional,
l’ensemble de ces formations.

Les E2C en Occitanie

A la fin des années 2000, ils ouvrent des écoles de la 2ème chance qui permettent à des jeunes de moins de 26 ans sans diplôme ni qualification professionnelle d’intégrer une école dédiée à la construction de leur projet d’insertion sociale et professionnelle dans la région Occitanie.

Années 2000: la fin de la prédominance de l'animation volontaire

La désaffection progressive de la fréquentation des centres de vacances combinée à une baisse massive de l’aide de l’Etat a pour conséquence, à partir des années 2000, la baisse de l’activité des Cemea dans le champ de l’animation volontaire et conduit à un rééquilibrage de l’activité entre ce champ et celui des formations professionnelles.