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MOUVEMENT NATIONAL D'ÉDUCATION NOUVELLE

E. Davidenkoff, toujours lumineux, a rappelé très vite la nécessité pour l’école de s’emparer de ce
territoire : le numérique affecte la vie professionnelle et personnelle de tous et la question ne réside plus
seulement dans la maîtrise des outils mais bien aussi dans une conscience éthique et une connaissance
juridique des usages.

Et merci à « Rue des écoles » d’avoir parlé plus de « culture numérique » que de « numérique »,
Davidenkoff, encore lui, soulignant ce qui constitue cette culture numérique : le principe de coopération et d’évaluation par les pairs, dans une école qui peine à abandonner la
sacro-sainte note… (oui le « qui peine » est un euphémisme !),

 le principe de coopération et d’évaluation par les pairs, dans une école qui peine à abandonner la
sacro-sainte note… (oui le « qui peine » est un euphémisme !),
 la créativité (il s’agit bien de se positionner par rapport aux machines), une créativité à laquelle, entre
parenthèse on donne certes une place importante au début de la scolarité et qui est réduite au fur et à
mesure que l’enfant grandit, à une charmante cerise sur le gâteau, sans se rendre compte qu’elle peut
être un des leviers essentiels de la construction des savoirs
 et enfin le nécessaire principe de croisement des domaines de la connaissance qu’implique le
numérique (soit cette fameuse interdisciplinarité)…

Bref si l’on résume, logique de coopération et d’évaluation par les pairs, créativité, interdisciplinarité,
autant de points qui font crispation dans le cadre de la réforme du collège. Alors, oui peut-être, comme
l’affirme E. Davidenkoff, la culture numérique va à l’encontre de la culture scolaire majoritairement
répandue

Alexandre Acou est, lui, revenu rapidement mais pertinemment sur ce mouvement donné par
le numérique à l’écriture, cette écriture qui circule plus et plus vite. Cela a bien sûr amené la conversion à
parler équipement… pour remettre en cause ces logiques de déploiement de matériel sans formation des
enseignants et qu’il ne fallait pas recommencer les mêmes erreurs que dans les années 80 etc.

Venons-en maintenant à la question de la formation des enseignants. Bien évidemment elle est au
coeur de la question du numérique parce que les réticences voire les peurs sont légitimement là : le matériel,
les connexions, la salle info (« impossible de la réserver », « trop petite... », « la clé toujours perdue... »), et
puis la maintenance, et puis le « ça change tout le temps sur le bureau ces icônes » oui, mille fois oui, écouter
les peurs, les prendre en compte, accompagner, créer des ressources adaptées (Axelle Lemaire évoque un
portail de « contenus innovants » pour les enseignants : « contenus innovants » ou « démarches
pédagogiques déplacées, requestionnées » ? il faudrait préciser) mais, mais…

...Jamais, à aucun moment, la question du faire équipe pour s’approprier le numérique n’a été
évoquée lors de l’émission et pourtant n’est-ce pas là un vrai levier, une clé ? On a parlé de l’enseignant et de
sa classe, seul face à sa classe. Toujours seul face à sa classe. Alors qu’on le sait, ensemble, on a moins peur :
la formation entre pairs il faut d’abord la faire entre adultes, inscrire le numérique, sa culture, ses outils…
dans les formations et les projets d’établissement, ces outils qui peuvent faire du commun.

La culture numérique peut, doit être intégrée à la culture d’établissement, elle doit être coconstruite,
partagée par tous, élèves, enseignants, personnels, elle doit être un bien commun et pas le plaisir solitaire
d’un ou deux enseignants par établissement, collègues que l’on admire ou au contraire que l’on considère
comme des geeks à fuir impérativement et dont on moque le langage trop technique ! Quelques
établissements expérimentaux l’ont montré et ont essuyé les plâtres (c’est le cas du LP2I, près du
Futuroscope, qui construit depuis bientôt trois décennies une culture numérique commune, faite d’essais, de
ratages, de discussions sans fin mais passionnantes, d’entraide et de remises en question...). Au sein de ces
communautés si particulières que sont les établissements scolaires, la culture numérique se construit
ensemble, se réussit ensemble sinon, elle se rate tout seul.

Hélène Paumier, chargée de mission Éducation et Numérique , secteur école des CEMEA