La spéléologie aux Ceméa

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Dans le courant des années 1960, début des années 1970, les activités de pleine nature sont en plein essor, la réglementation est souple et minimale. La spéléogie est également en plein développement et les Ceméa s'engagent pour une pratique sécurisée et respectueuse de l'environnement. François Alamichel, militant, partage ses souvenirs.

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Réfléchir pour outiller

En plein boom des activités de pleine nature, dans le cadre des centres de vacances, les directeur•rices s’appuient sur les compétences des animateur•rices qu’ils engagent, dont leurs références et pratiques sportives fédérales, pour encadrer les activités de pleine nature. Mais concernant la spéléogie qui est pleine progression, la plupart des encadrant•es manquent de compétences et de connaissance du milieu souterrain. En 1970, une réfléxion va être engagée entre les Ceméa et la Fédération Française de Spéléologie à travers son école de spéléologie (l’EFS) pour tenter de construire une formation visant à outiller les animateur•rices de centres de vacances à la conduite de cette activité.

Au départ, un militant féru de spéléologie, inquiet

Dans le courant des années 1960, début des années 1970, André Morland (dont le totem est Jason), à l’époque permanent des CEMEA de Poitiers et membre du spéléo club Poitevin dirige, l’été, des camps d’ados en Ardèche. Il constate avec inquiétude lors de ses encadrements de sorties spéléo, la diversité des pratiques de progression et d’encadrement. Il s’inquiète des risques pris pour les jeunes et les dégradations faites au milieu souterrain. La plupart des encadrant•es manquent de compétences et de connaissance du milieu souterrain.

 

C'est à son initiative qu'une réflexion est alors engagée en 1970 entre les CEMEA et des cadres de l’EFS pour tenter de définir les conditions et limites de pratique souhaitable mais aussi les conditions techniques de progression.

Un premier stage intitulé « Découverte du monde souterrain et initiation à la spéléologie » a été organisé en juin 1971 en Ardèche. L’expérience se reconduit dans les années suivantes. Ils ont été organisés au sein des délégations des CEMEA de Grenoble et de Lyon.

Et la première qualif en sport fut créée!

Le partenariat entre l’EFS et les CEMEA contniue avec la conception d'un niveau supérieur de formation permettant à des animateur•rices d’encadrer des jeunes en toute sécurité dans des cavités présentant des zones verticales. La qualification spéléo était née.

Elle fut créée avant les autres qualifications (Voile, canoë). Jeunesse et sports accepta de la reconnaître bien qu’elle ne fît l’objet d’aucun texte ministériel.

 

Pour un accès à des non spécialistes

A une période où tous les clubs spéléo passaient à la progression sur cordes, une méthode spécifique d’équipement et d’encadrement en zone verticale a été mise au point, permettant d’encadrer en toute sécurité les jeunes, de permettre au cadre de pouvoir très rapidement gérer toute situation de difficulté et surtout de pouvoir pratiquer la spéléo sans imposer une préparation technique préalable au public, l’objectif étant de leur faire découvrir un milieu, de s’y découvrir et non de les former à la spéléologie.

Un contenu de formation, un niveau à atteindre pour obtenir la qualification était défini. La durée du stage était de 10 jours parfois 13. Les stages s’adressaient à un public non spécialiste de la spéléologie, néanmoins, au fil du temps un niveau minimal d’entrée en formation fut défini. Afin de ne pas exclure des stagiaires qui n’auraient pas le niveau en entrée de formation, ce stage offrait 2 options une option Qualification, une autre stage de perfectionnement BAFA.

Une qualif Bafa qui s'ouvre aux éducs spé!

Ce type de formation est apparu pertinent pour l’encadrement de la spéléologie dans le cadre des centres de vacances mais aussi dans les établissements de l’éducation spécialisée et de la santé. Les Ceméa ont alors commencé à accueillir des éducateurs spécialisé•es, des infirmier•es psychiatriques ... qui en complément de leur formation professionnelle ont souhaité être capables de mener des sorties spéléos avec leurs publics.

L’IRTS de Poitiers a pendant plusieurs années mis en place cette qualification, dans le cadre des formations d’éducateur•rices et de moniteur•rices éducateur•rices. Elle était dirigée par Henry Maurigeon, formateur à l’IRTS et membre actif des CEMEA de Poitiers. Il faut à ce sujet se souvenir que Tony Lainé était Poitevin et de son exposé sur le sens de l’activité.

L’IRTS de Poitiers a maintenu un module de pratique et de réflexion aux activités jusqu’en 2020, elle contenait des sorties de découverte spéléo.

Les acteurs de la spéléo aux Ceméa

Les acteurs de la spéléologie aux CEMEA furent principalement; André Morland (Jason), Permanent aux CEMEA de Poitiers, Spéléologue membre du Spéléo-club Poitevin, créateur et premier responsable du groupe national spéléo ; Rémy Andrieux, Non permanent des CEMEA de Lyon, Spéléologue, Cadre jeunesse et sports à la base de plein air de Vallon Pont d’Arc, second responsable national du groupe spéléo ; Marcel Meyssonnier, non permanent aux CEMEA de Lyon Cadre technique mis à disposition comme permanent à l’Ecole Française de Spéléologie, Philippe Drouin ; non permanent aux Cemea de Lyon, spéléologue, François Alamichel ; permanent aux CEMEA de Rouen puis de Dijon, spéléologue, dernier responsable du groupe national spéléo.

Des formations en partenariat jusqu'au bout

Les qualifications ont été conduites de 1976 à 1998 par les CEMEA , l’école Française de spéléologie, l’IRTS de Poitiers sous le label des CEMEA. Un stage a été piloté par la ligue de l’enseignement. Les stages se sont déroulés en Ardèche au CNPA de Vallon Pont d’Arc ou dans le Lot à Cabrerets.

Au sein des CEMEA, ces qualifications avaient un label national; au début, elles ont été conduites par l’INFRASE, puis l’INFOP pour ensuite être menées par les délégations de Rouen puis de Dijon.

L’apparition des diplômes professionnalisants et l’évolution de la réglementation ont entraîné la diminution puis la disparition de stagiaires candidats, le dernier stage a eu lieu à Cabrerets en 1998.

Les stages de perfectionnement (50h) avec option spéléo ont été conduits jusque dans les années 90 au sein des CEMEA de Lyon, Rouen et Clermont Ferrand

Il est à noter que dans les années 1970 / 1990 un grand nombre de spéléologues ont découvert cette activité adolescents dans le cadre des centres de vacances.