Pour une communication sans stéréotypes de sexe
Si la question de la langue ne peut résoudre à elle-seule les inégalités sexistes persistantes dans nos sociétés, elle n'en est pas moins un outil de la pensée et de la représentation du monde que se construisent les êtres humains dès leur plus jeune âge.
En 2015, le Haut conseil à l'égalité publiait son premier guide pour une communication sans stéréotype de sexe. En 2022, il l'a réactualisé et les Ceméa, convaincus du rôle fondamental de la langue dans les schémas de la pensée, mettent également à jour les préconisations qu'ils avaient déjà relayées en 2015.
Les évolutions langagières « égalitaires » que ce soit à l’oral et à l’écrit contribuent à établir un équilibre, en démasculinisant et en questionnant un certain nombre de règles qui ont souvent été imposées dans un contexte sociétal patriarcal
Ces évolutions impliquent une appropriation pour tous et toutes de règles partagées qui rejettent les stéréotypes langagiers tout en gardant une exigence de qualité de l’écrit. C'est pourquoi les Ceméa, depuis la direction de la politique éditoriale et de la diffusion proposent à leurs militant⋅es des webinaires de formation et d’accompagnement sur le sujet durant l’année 2024 et veille dans ses publications à la bonne mise en application.
Le langage égalitaire (ou non sexiste, ou inclusif), désigne l’ensemble des attentions discursives, c’est-à-dire lexicales, syntaxiques et graphiques qui permettent d’assurer une égalité de représentations des individus.
« Contrairement aux assemblées, aux conseils d’administration, aux cabinets ministériels, et plus généralement à tous les lieux de pouvoir, la langue française n’a pas besoin d’être « féminisée ». Elle est équipée pour l’égalité. » affirme Elianne Viennot, linguiste militante d’une communication sans stéréotypes de sexe.
Il est aussi possible d’utiliser des mots épicènes, c’est-à-dire des mots dont la forme ne varie pas entre le masculin et le féminin. Le recours aux termes épicènes est un outil important de la communication institutionnelle sans stéréotypes de sexe, puisque n’étant ni féminins, ni masculins, ils ne renvoient à aucune caractéristique sexuée particulière.
Contrairement à la réalité d'autres langues, aucun nom de la langue française n’est de genre neutre
Comme le précise le guide du haut conseil à l'égalité: « Les mots que nous employons pour décrire notre environnement sont révélateurs de notre rapport au monde. Ainsi, l’utilisation de la forme grammaticale masculine dite générique ou neutre traduit une perception du monde androcentrée. Décrire le monde à travers le prisme masculin conduit à des représentations mentales biaisées, favorables aux hommes ».
L’écriture égalitaire permet de donner aux femmes et aux hommes le même poids et la même importance dans les messages. Au-delà même de ce qui est préconisé dans le guide du Haut conseil à l'égalité, l’histoire de la langue montre que de nombreuses pratiques langagières ont longtemps permis de répondre à cette attente de représentation égale entre les femmes et les hommes et de gérer égalitairement les « conflits » entre les termes comme par exemple avec l'accord de proximité (p.24 du guide).
Le dossier du VEN n°592 consacré à la lutte contre le sexisme
Comme précisé dans l'introduction de cet article, la question du langage égalitaire n'est pas l'unique moyen de lutter contre le sexisme, de nombreuses autres actions sont mises en œuvre chaque jour. Les Ceméa s'investissent notamment par des actions d'information, de sensibilisation, de formation, de communication...
Retrouvez le VEN n° 592, qui contribue concrètement à la volonté des Ceméa de construire une société égalitaire entre les humain⋅es, en proposant un dossier pour tenter de répondre aux questions: « Dans une société encore hétéronormée, le sexisme continue de faire son nid. Alors comment en finir avec ces inégalités et ces assignations ? Comment casser les stéréotypes et prévenir les violences sexistes ? ».
Avancée majeure au Pays des droits de l'Humain
D'autres avancées récentes participent de cette lutte humaine. Les Ceméa, en cette journée internationale des droits des femmes, saluent l'inscription du droit à l'avortement dans la constitution française, une avancée historique pour les droits des femmes et pour plus d'égalité entre tous et toutes.