Dossier VEN N° 595: Ados, garder la connexion
On dit des ados qu'ils et elles sont déconnectées ou trop connectées. Cette génération a-t-elle vraiment moins d'interactions sociales aujourd'hui qu'hier ? Les jeux en ligne et les réseaux sociaux mettraient-ils en péril les temps collectifs ? Et comment conserver le lien ? Le dossier du Ven n° 595 apporte des éclairages à travers interviews, retours d'expériences, enquêtes et pistes de lecture.
Les ados d'aujourd'hui comme leurs prédécesseur⋅es cherchent à construire leur identité mais... avec le numérique en plus.
Du latin adulescens-centia qui signifie littéralement « grandissant, se développant », l’adolescence a longtemps été considérée comme une simple transition plus ou moins précoce et plus ou moins longue entre l’enfance et l’âge adulte. C’est sans doute pourquoi elle est davantage une catégorie de la psychologie que de la sociologie, qui lui préfère celle de la jeunesse.
Un peu d'histoire
Il faut attendre la seconde moitié du 19e siècle pour que le concept d’adolescence se précise et s’applique à une classe d’âge, dont on a toujours du mal à définir les contours aujourd’hui. Les historiens et historiennes considèrent en effet que c’est avec l’émergence de la notion moderne de famille qu’on a pris en compte l’adolescence comme une période de la vie humaine à part entière.
Une période d’autant plus importante qu’elle correspond à « l’individuation », c’est-à-dire à l’acquisition de la personnalité, soutenue par une mise à distance – parfois brutale – avec le cercle familial proche. Pour Françoise Dolto, il ne s’agit rien de moins que d’une « phase de mutation aussi capitale que sont la naissance pour le petit enfant et les quinze premiers jours de la vie ».
Pour Dolto, une phase aussi importante que la naissance
Sans nier la diversité des parcours et des environnements familiaux, amicaux, socio-économiques ou culturels, une constante se dégage : l’adolescent·e cherche à construire son identité, le plus souvent par opposition à ses parents et au regard de ses pairs, qui l’aident à se situer dans ses besoins, ses désirs et ses aspirations. Et en cela, en 2024, le numérique joue un rôle nouveau.
L'enjeu relationnel des nouvelles technologies
Pour les jeunes, comme pour bon nombre d’adultes d’ailleurs, les nouvelles technologies sont ainsi devenues un enjeu relationnel. Paradoxalement, l’utilisation intensive des réseaux dits “sociaux” a renforcé leur peur de la solitude et du rejet.
Un besoin d'être ensemble
Les jeunes ont constamment besoin d’être valorisés par leurs pair⋅es et se cherchent « comme des chatons dans un panier », pour reprendre l’expression de la pédopsychiatre Sophie Maes.
Ce serait une erreur de croire que le virtuel a remplacé dans leur vie la richesse des rapports humains authentiques, le plaisir des sorties entre potes, des discussions à la récré, des rendez-vous au ciné, en forêt ou au centre commercial…
Cependant, être en relation en distanciel ne suffit pas. La récente crise sanitaire a montré à quel point les confinements ont bouleversé l’existence des ados, les privant des contacts humains nécessaires à leur épanouissement mental et psychique.
En tenant compte de leur hyperconnexion mais également de leur besoin de “ vraies ” relations, quel est le rapport des ados au collectif en 2024 ? En colo, en Bafa, ou lors d’activités collectives, comment conjuguer leur insistante demande d’être reliés à leur smartphone, tout en misant sur l’ici et maintenant de la vie de groupe ? Les ados qui s’organisent pour partir en itinérance préparent un repas ou construisent leur abri pour la nuit, vivent-ils finalement des choses tellement différentes des colos d’antan ?