Palestine : de l’impasse au désespoir.
communiqué de presse du 21 mars 2023: prise de position des Ceméa concernant le manque d'espoir de la jeunesse palestinienne face à la dureté de l'actualité et au manque des perspectives.
Les « Assises pour la Palestine », organisées par la Plateforme des ONG Françaises pour la
Palestine, dont les Ceméa France sont membres, se tiennent à Paris du 23 au 25 mars 2023.
Elles s’inscrivent dans une démarche de connaissance réciproque entre acteurs de la solidarité
palestinienne et acteurs de la solidarité internationale, pour discuter des mécanismes
d’oppression et échanger sur les expériences de luttes émancipatrices. A cette occasion, les Ceméa souhaitent mettre en lumière la situation de désespérance de la jeunesse palestinienne et partager des perspectives d’action.
L’actualité est dure, la tension est palpable. On compte les décès et les arrestations en Palestine toutes les semaines. Chaque semaine, la population palestinienne compte ses victimes disparues et l’arrestation arbitraire de ses citoyen·nes. La situation se dégrade depuis plusieurs années, mais elle est actuellement marquée par un nombre historique de victimes depuis le début de l’année 2023. 81victimes mortelles ont été dénombrées en Cisjordanie entre le 1er janvier et le 10 mars 2023, selon les chiffres de l’Agence WAFA.
La jeunesse palestinienne n'a plus beaucoup d’espoir.
Aujourd’hui, les jeunes palestinien·nes sont né·es après la signature des accords d’Oslo et ont vécu la désillusion du mandat Obama, des constatations et recommandations de l’ONU. Le dossier « Palestine » est mis au placard des institutions internationales. Les votes de l’ONU dénonçant les attaques israéliennes ne sont pas plus efficaces que les prises de position de l’Autorité Palestinienne. Le peuple palestinien se sent abandonné, même par la majorité des pays arabes, anciens alliés de la résistance palestinienne.
Lors d’un échange de jeunes (France/Palestine), organisé par les Ceméa, un palestinien résumait cette situation : « Pouvons-nous faire nos adieux à la mort ? Elle ne nous entend pas et ne nous répond pas. Elle refuse de nous quitter, nous suivant partout où nous allons. Nous pouvons que fuir ou mourir. » La Cisjordanie apparaît aujourd’hui comme une bombe à retardement, prête à exploser face à l'occupation. Une occupation menée par le gouvernement israélien qui s’illustre, selon les termes même de l’ONG Amnesty International, par un régime « d’apartheid » : des lois différentes sur le territoire Israélien entre les personnes de confession juive et celles qui ne le sont pas ainsi que pour les Palestinien·nes ; des routes et des plaques d’immatriculation différentes, des accès à la mobilité variés en fonction de sa pièce d’identité...
Peu d’espoir dans les politiques internationales et à un éventuel énième plan de paix.
Peu d’espoir politique, pas de perspective. L’autorité Palestinienne, gouvernée par un homme de 82 ans accroché à son siège et repoussant les élections régulièrement, symbolise l’impasse dans laquelle se trouvent les Palestiniens et les Palestiniennes. Les créations récentes de groupes armés de jeunes (la Tanière des Lions à Naplouse, les Brigades de Balata ou de Jénine) sont l’une des conséquences de ce désespoir : des milices qui s’affichent autonomes et ne dépendent d’aucune décision politique. Ces mêmes milices qui se battent à armes souvent inégales et qui prônent un engagement menant presque inexorablement à la mort, ne laissent comme seul choix à la jeunesse que mourir ou vivre l’humiliation au quotidien.
L’action des Ceméa
L’action des Ceméa consiste à la fois à dénoncer et à agir concrètement autour de trois axes : la
solidarité, la mobilité et l’éducation.
Solidarité entre les associations partenaires, à travers des familles et des jeunes dans le
cadre d’échanges, des chantiers de jeunes, des volontaires qui participent à des missions
éducatives, culturelles et solidaires.
Organiser des mobilités pour permettre le passage d’une rive à l’autre, entre pays en paix
et pays en guerre et/ou occupé : pour se rencontrer, pour accueillir l’autre dans sa situation,
pour construire des ponts au-delà des murs. Ces échanges servent à recueillir des
témoignages, tisser des liens, partager des analyses de la situation et construire des
solidarités.
Une éducation ici et là-bas. Une éducation qui n’est pas neutre car la neutralité restera
toujours un soutien direct à la position dominante. « Le projet de l’Education populaire est de
s’attaquer aux rapports de domination et non simplement de donner la possibilité à quelques
dominés de devenir des dominants » (Philippe Meirieu – Vers l’Éducation Nouvelle, Février
2023). L’éducation est donc émancipatrice. Une Education populaire en actes. Naji Owda,
directeur de l’association Laylac du camp de Déisché énonce : « L’Education populaire a des
effets au niveau personnel mais rapidement, elle en a à un niveau collectif. Chacun·e croit
aux responsabilités et chacun·e commence à être responsable. »