57-83: des évolutions en lien avec la société

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En 30 ans d’années glorieuses, les CEMEA ont pu concrétiser les acquis de leurs fondateurs dans le cadre des principes de 1957 et de leurs racines plongées dans le projet d’éducation nouvelle. Ils ont également développé les voies d’un engagement social dans les formations de l’éducation spécialisée et de l’animation professionnelle.

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Quand l'Histoire fait l'Histoire

En 1957, vingt ans après leur création aux Ceméa, « les principes qui guident notre action » issus du premier Congrès déclinent ce manifeste éducatif tout en élargissant la perspective de l’enfant à décoloniser (cf. Gérard Mendel) à l’adulte. En particulier lorsqu’il retrouve les fragilités de l’enfance du fait de sa maladie mentale, de son handicap ou de ruptures sociales subies.

Ainsi, des années 1950 aux années 80 du siècle dernier, les Ceméa ont soutenu la construction du mouvement et transformé l’élan formateur d’origine à l’intention.

« Seule une éducation réalisant dans toutes ses activités un changement d'attitude vis-à-vis des enfants peut inaugurer une ère libérée des concurrences ruineuses, des préjugés, des inquiétudes et des misères »

1932, Ligue internationale de l’éducation nouvelle

Elan formation : Des origines à l'intention pour qui ?

  • Des cadres de jeunesse, bien sûr, accompagnant le développement des départs en vacances collectives en France (plus d’un million deux cents mille enfants et adolescents chaque année jusqu’en 1974), cela en appui des municipalités et des Comités d’établissements, « contacts indispensables avec le monde ouvrier » puis en s’impliquant dans les territoires en construction de la communauté européenne.
  • Des acteurs de l’école publique et des écoles nouvelles tels que les maîtres d’externat et d’internat à l’origine de ce qui sera la vie scolaire et la formation des délégués d’élèves venant compléter l’engagement de nombreux enseignants dans le mouvement y puisant des méthodes des compétences en activités des savoirs dans le développement de l’enfant au cœur des débats entre Piaget et Wallon.
  • Des acteurs du secteur culturel grâce à l’impulsion que l’idéal de théâtre populaire de Jean Vilar a donné en Avignon et vers de nouveaux festivals tels que le Printemps de Bourges (1982), les Eurockéennes de Belfort.
  • Des acteurs du secteur social à travers l’engagement dans la formation des éducateurs spécialisés des 1943, des acteurs de la psychiatrie des 1949 puis fortement dans les années 0-80, avant d’élargir le public visé aux personnes relevant de démarche d’insertion sociale et professionnelle, (année 70-80) des jeunes en errance des publics concernées par les addictions du monde moderne...

Vers un élargissement des territoires

Ainsi, partant du cœur de la prise en charge enfantine (de la petite enfance de l’enfance et de l’adolescence), l’action des CEMEA s’est petit à petit élargie à la personne adulte et ce ,dans des territoires de plus en  plus éloignés de la métropole, accompagnant la création de nouvelles délégations régionales, ( l’Afrique d’abord, les outres-mers, l’Europe traduit par la participation à la création de l’Office Franco-Allemand en 1962, par la création de la Ficemea organisation internationales précédant les européennes qui viendront telles d’Euro  jeunesse en 1991 et la participation à EAICY (European Association for Leasure Time Institutions of children and Youth of Great Cities).

Les acquis fondateurs

En 30 ans d’années glorieuses, les CEMEA ont pu, à la fois, concrétiser les acquis des fondateurs dans le cadre des principes de 1957 et de leurs racines plongées dans le projet d’éducation nouvelle et développer les voies d’un engagement social dans les formations de l’éducation spécialisées et de l’animation professionnelle dont le creuset fut le projet de l’Infrase de Bennouville (1971) et l’essaimage des années 80 avec l’Infop de Gennevilliers en 1987. L’implication croissante des Associations régionales puis territoriales au fur et à mesure se structure pour cette filière professionnelle de l’animation alors que les écoles de l’éducation spécialisée vont s’éloigner ou quitter le mouvement vers des  pôles de formation tels que les IRTS (Instituts Régionaux du Travail Social).

 

 

Le mouvement s'ajuste

Articulant dans leur projet associatif, éducation nouvelle (enfance et école) avec l’éducation populaire (tous les âges de la vie et tous les espaces éducatifs), les CEMEA ont ouvert un espace de développement les confrontant à une diversification de leurs modalités d’action et à une nouvelle professionnalisation. Ce développement les conduira vers une nécessaire articulation entre professionnalisation, salariat et engagement volontaire et bénévole.

Au début des années 80, la place des militants, des bénévoles et celles des enseignants permanents et non permanents du mouvement ainsi que les enjeux économiques, budgétaires et organisationnelles du mouvement et de la structure associative héritée des fondateurs ont donc légitimement été interrogées. Des changements structurels, fonctionnels et économiques tant dans l’organisation associative que la structuration de l’emploi associatif seront mis en œuvre à partir des travaux du Rassemblement de Clermont-Ferrand (1984).

Focus sur mai 68

Le contexte social et éducatif de mai 68 a encouragé les Ceméa à poursuivre leurs orientations vers des pratiques davantage critiques et engagées. Ils ont alors accéléré la professionnalisation en renforçant la formation des animateurs et des responsables socio-éducatifs.