Activités physiques de pleine nature ; Activité physique d’expression
Plusieurs textes rédigés par les militant•es autour des activités physiques dans l'histoire des Ceméa, font référence aux activités de pleine nature (APPN) et à l'activité physique d'expression (APEX). Cet article reprend plusieurs paragraphes de différents textes pour mettre en valeur cette approche des activités physiques dans les années 1950 à 1970.
Parce qu'à la "portée" de tous et toutes...
Famille historique de l'animation, les activités dites de « pleine nature » sont la base de multiples projets et aventures. Pour l'animateur et l'animatrice non spécialistes d'une technique, sont possibles les baignades, les randonnées à pied, à vélo, à roller, la luge et les glissades, les grand jeux, les courses d'orientation, l'escalade sur bloc, les parcours santé...
Extrait d'un texte de P. Segrestan "Les activités physiques et l'animation"
Extrait du texte "Bref historique du groupe national Jeux, Vie physique, Sport" d'A. Ferreruela
Dès les premiers « stages » CEMEA, la dimension « corporelle » a été intégrée à leur contenu. Ce choix, nous le devons à deux responsables de l’époque : André Schmitt et André Boulogne. Le premier était très intéressé par les thèses de Georges Hébert, partisan d’une activité physique naturelle ; cette approche très influencée par des courants hygiénistes et ce que nous appellerions aujourd’hui l’éducation à la santé avait trouvé un terrain d’application fertile dans les « colonies de vacances » ainsi que dans les stages de formation. Cela d’autant plus que dans les années qui ont suivi la fin de la guerre, l’un des objectifs des Centres de Vacances était justement de donner aux enfants et aux adolescent•es un cadre propice à leur rétablissement, physique et moral.
Pour sa part, André Boulogne, sportif, joueur, héritier des mouvements de jeunesse, apporta la dimension des sports de plein air et surtout l'hédonisme du plaisir du corps en action. Avec une imagination débordante, il ajouta une dimension ludique contagieuse à toutes les activités.
Il n’est pas étonnant que leurs prises de position fussent souvent décalées par rapport à celles de l’époque. C’est ainsi que l’importance accordée au jeu, au rythme de vie de l’enfant, à la réhabilitation des jeux de tradition enfantine, entre autres, faisaient partie de leurs préoccupations. C’est la raison pour laquelle, avec une grande curiosité intellectuelle, ils avaient exploré aussi d’autres champs de l’activité corporelle. Nous pouvons citer parmi eux une série d’activités en « colonie de vacances » appelée La cure de santé qui se
terminait par une relaxation avant le repas.
Extrait de JEU, JEUX ET EDUCATION NOUVELLE de François Chobeaux en 2000
La référence au jeu, à l'action libre, est un thème central pour l'éducation nouvelle. Les raisons en sont à la fois multiples et complémentaires.
C'est d'abord une lointaine et profonde liaison avec les pédagogies humanistes de la Renaissance (souvenons-nous de Rabelais et de l'éducation de Pantagruel), puis avec les philosophes du Siècle des lumières, chez qui l'idée d'une nature évidemment parfaite avec son pendant, une société nécessairement mauvaise, conduisit à proposer le développement de méthodes éducatives non interventionnistes. Toujours dans le registre des pédagogies vient l'invention du scoutisme enfantin au tout début du 20eme siècle, avec son utilisation éducative de cette “cathédrale foisonnant de sens” qu'est la nature2. Puis vint le développement des pédagogies non directives, dont Summerhill fut longtemps une référence culte.
Dans toutes ces réflexions et ces démarches l'activité et le jeu libres, vrais, sont intimement liés à des contraintes non pas humaines, et alors considérées comme artificielles, mais naturelles puisque issues d'une vérité transcendée par l'état de nature3. L'apprentissage libre, le jeu libre de l'individu existent ici au profit du même individu malgré, ou contre, la société des hommes.
1 Les premières versions de ce texte ont bénéficié des lectures critiques et des remarques de Pierre Alain Guyot et de André Sirota.
2VULBEAU, A. (1995). "La cathédrale des merveilles : la nature dans le scoutisme, espace moral et pédagogique", in GARDET, M et TETARD, F, Le scoutisme et la rééducation dans l’immédiate après guerre, 208 p., pp. 119-135, Marly le roi, INJEP, 1995.
3Les travaux de Georges Hébert portant sur la méthode naturelle en éducation physique se situent dans le même registre de pensée, tout comme le développement du courant naturiste.
A cette époque les activités de pleine nature sont en plein essor, la réglementation est souple et minimale. Dans le cadre des centres de vacances les directeurs s’appuient sur les compétences des animateurs qu’ils engagent. Bien souvent ils mobilisent leurs références et pratiques sportives fédérales pour leur proposer d’encadrer les activités de pleine nature.
Ces activités correspondent aux attentes éducatives des encadrements des adolescents, et l’on constate leur développement dans les camps d’ados.